Une telle expérience marque et pas seulement sur le CV. Le Mayennais Benjamin (prénom d'emprunt) a été stagiaire durant sept mois dans l’entreprise de réalité virtuelle Eon Reality, en 2014-2015, en partenariat avec l’institut d’informatique appliquée (IIA) à Saint-Berthevin.
Ils voulaient que nous vendions leurs applications à 60 000 €.
A l’issue de sa formation, il devait devenir développeur-concepteur en réalité virtuelle et augmentée, et pourquoi pas chez Eon Reality. « Ma formation devait durer neuf mois, et pour les trois derniers nous étions rémunérés 250 €. Nous participions à des concours. Celui qui gagnait avait la promesse d’être embauché en CDI », explique le jeune homme.
L’histoire tourne court avec l’entreprise californienne. Il la quitte à la veille du salon Laval Virtual. « Ils voulaient que nous vendions leurs applications à 60 000 €. Je ne m’en sentais pas capable. » Il ne sera pas le seul à suivre le même chemin. Dans sa promotion de 25 stagiaires, « seuls huit ou neuf ont été embauchés ». D’ailleurs, le partenariat avec l’école berthevinoise n’aura duré qu’un an. L’IIA ne souhaitait plus y envoyer des jeunes en stage. Eon Reality s’engagera avec une école rennaise.
L’approbation du Pape
A son arrivée à Laval, Eon Reality devait créer 150 emplois. Elle avait obtenu plus de 4 millions d’euros d’aides publiques pour son installation. « Ça sonnait à l’américaine. Ils se faisaient passer pour le nouveau Google. Ils voulaient investir beaucoup. Ça sonnait faux. Tout le monde pensait que c’était une coquille vide, mais nous n’avions pas de preuves. Dans leur newsletter, ils allaient jusqu’à dire qu’ils avaient l’approbation du Pape pour certains projets qu’ils voulaient mener en Afrique. »
Si la formation était dispensée par de bons professeurs et sur du matériel qui tenait la route, l’ancien stagiaire a eu quelques doutes sur la crédibilité du projet d’entreprise et sur ses moyens financiers réels. « Dans nos bureaux, il y avait une grosse porte blindée pour rentrer dans le bâtiment. Un jour, elle a cassé. Ils ont demandé aux stagiaires de se cotiser pour la rembourser. Il fallait aussi que nous payions le micro-ondes de la salle de pause. »
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Et que dire de la production d’Eon Reality ? Les applications mises au point par le groupe américain ont laissé sur sa faim le stagiaire. « J’ai du mal à comprendre qu’ils aient touché des aides pour créer certaines applications », indique-t-il. Il cite : « Le but d’une des applications était de lancer une capsule dans un panier de basket, ou bien encore une application expliquait le rôle de l’huile dans la mayonnaise. Comment pouvaient-ils espérer vendre ce genre de choses ? »
Quant aux critères de recrutement des stagiaires, ils semblaient inexistants, « alors que des personnes qualifiées ont postulé et n’ont pas été retenues ». Sans parler de recrutements effectués en Corse ou au Mexique. Pour Benjamin, la stratégie d’Eon Reality était nébuleuse. Une nébuleuse qui a bénéficié de 4 millions d’euros d’aides publiques.
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