Comment s’est passée votre reprise ?
Je suis content, je m’attendais à pire. Je pensais être totalement à la rue. Pendant un bon mois, j’ai fait des séances de 30 minutes à 1 heure car il y avait des risques de crise épileptique. Je réussis à faire une bonne place (8e) et Axel (Le Bohec) gagne, donc c’est une reprise sympa.
Votre chute lors de Bordeaux-Saintes en mars dernier a été d’une violence sans nom.
Je suis resté inanimé pendant deux minutes. J’ai été héliporté à Poitiers alors que ce n’était pas prévu. J’étais incohérent dans mes propos et j’avais perdu la mémoire. Je ne reconnaissais pas mes propres parents, ni ma compagne, ça a été très dur pour eux. Les médecins m’avaient prescrit un à deux ans d’arrêt. Je ne savais plus lire ni marcher. J’ai pu rentrer chez moi le jeudi mais j’étais à l’ouest. Je ne reconnaissais plus la maison. Le jeudi matin, je ne savais pas qui elle (sa compagne) était, l’après-midi, ça revenait puis le vendredi au réveil je ne savais pas qui j’avais en face de moi.
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Vos coéquipiers vous ont-ils raconté cette chute ?
Ils étaient très contents de me retrouver mais je pense qu’ils ne m’en ont pas trop parlé parce que pour eux, c’est un sujet un peu compliqué. Des gars ont été choqués. Apparemment, c’était une scène très très dure, avec beaucoup de sang etc.
Quels ont été les diagnostics ?
J’ai eu beaucoup de plaies et une bonne quarantaine de points de suture au niveau du visage. J’ai aussi eu un traumatisme crânien modéré. Ça pouvait aller d’un à deux ans pour retrouver la mémoire. Il y avait l’incertitude que je puisse retrouver une vie normale. Forcément, j’ai des cicatrices même s’ils ont très très bien travaillé à Poitiers où ils ont un service chirurgie esthétique. Une personne qui me croise dans la rue ne peut pas savoir que j’ai eu ça.
Avez-vous retrouvé toute votre mémoire ?
Je sais à peu près ce que j’ai fait le matin de la course mais à partir de là, jusqu’à trois semaines après la course, j’ai vraiment tout perdu. À part ça, j’ai toute ma mémoire. Ça a fait on-off du jour au lendemain. Je me souviens de tout, même des choses toute bête de la vie.
Aviez-vous fait une croix sur le vélo ?
Au tout début, j’étais dans un état très très compliqué où il était impensable que je refasse du vélo. Je parlais à deux de tension. Ça n’est même pas venu à l’esprit des médecins de parler du vélo. J’ai repris plus vite que prévu, personne ne l’imaginait. Je ne me suis pas forcément rendu compte et c’est un peu le problème de l’histoire. Je n’ai aucun souvenir de la chute ni des trois semaines qui ont suivi. Dans ma tête, rien ne m’est arrivé. Au début, je ne comprenais pas la situation. L’avantage c’est que vu que j’ai oublié, je n’ai pas d’appréhension à remonter sur le vélo.
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Souhaitez-vous continuer le vélo à haut niveau ?
Ce top 10 pour une reprise, c’est presque exceptionnel. Même sans l’accident, je n’aurais peut-être pas fait mieux. C’est très encourageant mais je vais me calmer au niveau du vélo. Là je vais refaire une course en Bretagne. Il y aura la reprise du travail (ndlr : il est ajusteur-monteur en tant que sous-traitant d’Airbus) à prendre en compte. Beaucoup d’éléments de fatigue vont s’accumuler. Je ne suis pas passé loin d’une vraie correction. Je vais m’en servir pour relativiser et moins me prendre la tête.
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