Maire de Sablé-sur-Sarthe, Marc Joulaud est né à Mayenne et a vécu à Ambrières-les-Vallées. En février 2020, il sera jugé dans le cadre de l'affaire Fillon pour laquelle il est mis en examen comme ancien employeur de Penelope Fillon.
Le Courrier de la Mayenne : Marc Joulaud, vous êtes né en Mayenne. Quels souvenirs gardez-vous de notre département ?
Marc Joulaud : Mon grand-père était le coiffeur d’Ambrières-les-Vallées. Mon père faisait son service militaire. Ma mère, enceinte, vivait chez ses parents.
Elle a accouché à Mayenne, la maternité la plus proche. Voilà pourquoi je suis né en Mayenne.
Après la période militaire de mon père, ma famille s’est installée à Angers, puis rapidement à Alençon, où j’ai passé ma jeunesse.
Mon père travaillait dans une banque, ma mère était coiffeuse.
Je suis très souvent revenu à Ambrières, pour toutes les vacances.
A la retraite, mon grand-père s’est installé dans une ferme. Pour moi, la Mayenne, c’est les parties de pêche, les animaux. Plus tard, c’était aussi le premier lieu de mes sorties en mobylette. Avec des copains, on s’installait auprès du plan d’eau d’Ambrières.
Le coup de pouce d'un Mayennais
Comment êtes-vous devenu le collaborateur de François Fillon ?
J’étais étudiant en droit au Mans, j’ai continué à Paris. A 22 ans, j’ai commencé à chercher du travail. J’ai vu une petite annonce dans le journal.
Le député-maire de Sablé-sur-Sarthe cherchait un collaborateur pour son cabinet. J’ai postulé.
J’ai bénéficié aussi du coup de pouce d’un Mayennais. L’un de mes meilleurs copains était le fils de Jean Tonnellier, le maire de Lignières-Orgères.
Il était notaire comme le père de François Fillon. Il l’a appelé pour me recommander.
Comment se passait le travail à ses côtés ?
Les premiers mois ont été très durs, j’ai cru devoir démissionner.
François Fillon est élu président du conseil général, quatre mois après m’avoir embauché. Il était député, maire et président du conseil général.
Il n’était pas beaucoup là, était exigeant et ne parlait pas beaucoup. Il a fallu que je me débrouille.
Je l’ai suivi au département en 1995. En 2001, je deviens adjoint au maire de Sablé.
En 2002, je suis son suppléant aux législatives. Comme il devient ministre, je fais mon entrée à l’Assemblée nationale. J’y suis resté jusqu’en 2007.
En 2008, je suis élu maire de Sablé. Et j’ai aussi connu un mandat d’eurodéputé de 2014 à 2019.
« 99 % pour François Fillon »
Selon vous, comment vos administrés ont-ils vécu l’affaire Fillon ?
Sablé-sur-Sarthe est l’une des villes de France qui aura le plus voté lors de cette primaire. Il y avait la queue au bureau de vote. A 99 %, ils ont voté pour François Fillon. Beaucoup de Saboliens ont cru que leur ville serait le Tulle de Chirac et Hollande.
On est monté très haut, puis on est descendu très bas.
Comment avez-vous vécu toute cette affaire ?
Je me levais le matin sans savoir comment allait se finir la journée. La période médiatique a beaucoup pesé sur la ville de Sablé. Personnellement, ça a aussi été compliqué.
Je fais la part des choses entre médias. Certains vous demandent une réaction, font leur travail. Et puis, il y a les autres.
Deux journalistes à sa porte durant trois jours
Une chaîne d’infos en continu a posté deux journalistes devant ma porte durant trois jours. A toute heure du jour et de la nuit, si je sortais de ma maison, ils m’éclairaient avec leur caméra.
Ils ont appelé ma femme sur son téléphone portable, ma fille de 16 ans sur son portable.
Ce sont des moments difficiles. Je ne les souhaite à personne. Il faut être blindé.
J’ai collaboré avec la justice, Je me suis aperçu que le secret de l’instruction n’existait pas en France. A peine sorti d’une audience, tout ce que j’avais dit, je pouvais le lire sur mon smartphone.
Comment abordez-vous le procès ?
Le procès sera difficile pour moi et mes proches. Je suis prêt. Pour moi, ce procès sera aussi un moyen de tourner la page. Je me serais bien passé de tout cela.
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