Les Mayennais sont assez nombreux à se plaindre des difficultés pour prendre un rendez-vous auprès de leur médecin généraliste. Est-ce une réalité ?
C’est en effet une réalité. Depuis le départ de quatre médecins (ndlr : trois sont partis à la retraite), un seul a été remplacé. Cela a eu de grandes conséquences. 4 500 personnes étaient sans médecin. Les médecins généralistes en ont pris en charge 3 000. Aujourd’hui, 1 000 à 1 500 personnes sont à la recherche d’un médecin.
Comment expliquez-vous ces problèmes ces derniers mois ?
Les médecins qui ont arrêté le 30 septembre ont proposé des ordonnances à leurs patients pour les six prochains mois. A la fin du mois de mars, les rendez-vous se sont multipliés pour les renouvellements d’ordonnances. C’est la première fois qu’on n’arrive pas à prendre en charge les patients des médecins qui ont arrêté. D’autant plus qu’on ne souhaite pas faire baisser la qualité de nos prises en charge. Il est hors de questions de dégrader les conditions d’exercice.
Quelles solutions sont envisagées ?
On va proposer de prendre les rendez-vous directement sur internet. On compte sept médecins au pôle santé. Trois d’entre eux proposent déjà ce service. D’ici fin 2019, tous les médecins généralistes utiliseront ce système. Cela permettra de prendre les rendez-vous plus facilement pour les patients. J’ai conscience que cela ne permettra pas aux personnes qui n’ont plus de médecins traitants de trouver une solution. Mais le réel problème est le manque de médecins généralistes. Les solutions qui vont être mises en place seront la téléconsultation, les infirmières de pratique avancée, ou les assistants, qui doivent nous permettre de prendre en charge plus de patient.
Est-ce que de nouveaux médecins généralistes sont en passe de s’installer ?
Dans l’immédiat non. Le manque de médecin n’est pas propre à la Mayenne. C’est un problème national. En France, un médecin généraliste compte environ 850 patients. En Mayenne, ce chiffre est doublé voire triplé. On atteint 1 500 à 2 000 patients par médecin. Le nombre de médecins généralistes ne cesse de baisser depuis dix ans et continuera de baisser dans les dix prochaines années.
Vous sentez une inquiétude des patients ?
Non seulement ils sont inquiets mais nous sommes confrontés à des choses que nous n’avons jamais vu ici. Nos secrétaires subissent des agressions verbales, des menaces. Toutes les semaines, il y en a. Des gens viennent avec des chiens devant les secrétaires. Je n’ai jamais connu ça en 32 ans. On est obligé de faire intervenir des médecins pour éviter les agressions physiques. C’est très compliqué pour elles. Les services d’urgence subissent la même chose. On a même réfléchi à embaucher une personne pour gérer la sécurité.
Des soins non programmés étaient aussi prévus dans l’idée de désengorger les urgences de l’hôpital. Qu’en est-il ?
Le projet est d’utiliser la maison médicale du soir pour les soins non programmés en journée. Il y a eu un travail qui a débuté en octobre avec l’ARS mais aujourd’hui, nous n’avons plus aucune nouvelle. Ça ne doit sûrement pas être une priorité pour eux. La priorité, c’est de savoir comment les médecins généralistes peuvent s’organiser avec les autres professionnels de la santé pour répondre aux demandes des Mayennais mais tout en gardant une bonne qualité de prise en charge.
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