« Vous êtes une personne utilisée par des gens sans scrupules. Pour autant, vous participez à ce trafic. S’il n’y a pas de passeurs, il n’y a rien. » En face de Xavier de Bernouis, président du tribunal correctionnel de Laval, on retrouve une mère de cinq enfants.
La prévenue âgée de 38 ans a été contrôlée par les douanes jeudi 8 août 2019 à la barrière de péage de La Gravelle. Sur elle et sur sa fille âgée de 17 ans, 2,5 kg de cocaïne « pure à 85 % » sont découverts. La drogue, répartie dans des petits sachets, est cachée dans les soutiens-gorges des deux femmes, mais aussi dans leurs parties intimes. La prévenue résidant en Guyane a également avalé 29 sachets, au péril de sa vie. « Au moindre choc, tout pouvait exploser. Vous auriez pu mourrir d’une overdose », lui rappelle le juge.
Valeur estimée de la marchandise : plus de 160 000 €
Ces deux « mules » comme on dit dans le jargon avaient atterri à Orly en provenance de Cayenne. Les deux femmes avaient été préparées au Suriname, pays voisin de la Guyane, avant d’acheminer la drogue à Rennes. Pour convoyer la marchandise évaluée à « plus de 160 000 € », la mère et la fille devaient toucher « 12 000 € ». « Je suis en galère. Je ne peux plus payer mon loyer et nourrir mes enfants », assure cette Guyanaise aux tatouages apparents.
Un argument « entendable » pour le président, si la mère de famille n’avait pas déjà effectué deux autres voyages similaires récemment. « On se demande si vous n’êtes pas devenue une professionnelle du passage de cocaïne entre le Suriname et la métropole », s’interroge Xavier de Bernouis.
« Sur chaque vol en provenance de Cayenne, on estime à 20 le nombre de mules dans un avion »
L’exemple de cette mère de famille est loin d’être un cas isolé. « Sur chaque vol en provenance de Cayenne, on estime à 20 le nombre de mules par avion », rappelle Nicolas Cré le Carpentier, substitut du procureur. En 2018, 1 349 passeurs de drogue en provenance de Guyane ont été interpellés et 2,7 tonnes de drogue saisies. Ce marché « en plein essor » selon le Parquet, utilise des petites mains appâtées par l'argent des trafiquants de drogue. « Ces personnes abusent de la misère des gens. Malheureusement, on ne les retrouve quasiment jamais devant un tribunal », regrette Me David Buron, avocat de la défense.
Le tribunal a condamné sa cliente à une peine de deux ans de prison, assortie d'un sursis de huit mois. Elle devra également s'acquitter d'une amende douanière de 86 100 €. La prévenue a rejoint la maison d'arrêt de Rennes à l'issue de l'audience. Sa fille a été confiée aux services de l'Aide sociale à l'enfance (ASE).
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