“Liberté, égalité, truelle !” Un drôle de slogan qui amène également à pas mal de réflexion. Le musée du château de Mayenne propose une Fête de la Science 2019 autour de la thématique régionale : l'égalité homme-femme. L'occasion de se pencher sur la question avec Laura Mary, archéologue et commissaire de l'exposition Archéo-sexisme inaugurée samedi 13 octobre et visible jusqu'au 3 novembre.
Le Courrier de la Mayenne : Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir ce sujet de l’archéo-sexisme ?
Laura Mary : Plusieurs paramètres entrent en jeu. Ma profession déjà, je suis archéologue-restauratrice et travaille au sein de l’a.s.b.l. belge Recherches et prospections archéologiques. Mon engagement militant ensuite, je suis féministe. En 2016, en parallèle de mon travail, j’écris des articles pour une revue féministe en ligne nommée Simonae. La place des femmes et des minorités de genre en archéologie est depuis le début le moteur de mon écriture. Dans les mondes de l’archéologie anglo-saxonne et scandinave, ces questions sont abordées depuis le début des années 1980. Dans le monde de l’archéologie francophone, le sujet est à peine évoqué. En novembre 2016, je lance un appel à témoignages sur les réseaux sociaux en vue de dresser un premier bilan de la situation. Les témoignages me parviennent en abondance. La nécessité de créer le projet Paye ta Truelle devient alors une évidence.
De leur côté, en tant que doctorantes à l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne et fondatrices de l’association Archéo-Éthique, Béline Pasquini et Ségolène Vandevelde ont organisé un colloque international sur l’éthique en archéologie, qui s’est tenu à l’Institut National d’Histoire de l’Art les 25 et 26 mai 2018. Pour des raisons de contraintes de temps, la question des discriminations en archéologie n’a pas été abordée. Elle nous apparait pourtant cruciale à toutes les trois. Il nous semble dès lors important d’organiser une manifestation dédiée à cette problématique. C’est de cette volonté qu’est né le projet d’exposition itinérante Archéo-Sexisme.
Etait-ce difficile de trouver des témoignages ?
Aussi bien en ce qui concerne les témoignages reçus pendant deux ans via le projet Paye ta Truelle que lors de l’appel à témoignages lancé conjointement avec l’association Archéo-Éthique en vue de l’exposition, il n’a jamais été compliqué d’en recueillir. Les témoignages abondent.
Comment a été perçu votre travail par les femmes ? Et par conséquent par les hommes ?
Avant le premier vernissage en mars 2019, nous nous étions préparées à rencontrer globalement quatre types de réactions : l’approbation, la surprise, le déni et le rejet. Au cours des derniers mois, nous les avons effectivement rencontrées à différents niveaux d’intensité, mais de manière générale, l’accueil est plutôt positif. Certaines femmes ont été soulagées que la question soit enfin abordée, d’autres ont réussi à mettre des mots sur des situations qu’elles avaient elles-mêmes vécues. Des hommes avec qui nous avons discuté ont découvert les problèmes ou en ont réalisé l’ampleur grâce à l’exposition. Certains étaient sidérés, d’autres sur la défensive. L’important est que les paroles soient entendues, que la loi du silence soit enfin brisée et qu’une réflexion pour améliorer la situation soit enclenchée.
Est-ce que cette exposition itinérante a changé le regard des universitaires hommes et des archéologues hommes ?
Il est encore trop tôt pour le dire mais nous l’espérons. Ce changement des mentalités que nous tentons d’initier ne pourra pleinement se réaliser que si les hommes acceptent de se remettre en questions et d’abandonner leurs privilèges. Nous avons toutes et tous à y gagner.
Pratique : samedi 12 octobre, inauguration de l'exposition, à 15h, au musée château de Mayenne, avec Laura Mary, commissaire de l'exposition puis café rencontre à 16h avec la commissaire de l'exposition. Dimanche 13 octobre, visite de l'exposition avec Laura Mary, à 11h. Animation autour de l'égalité homme-femme de 14h à 17h30 avec Femmes solidaires 53.
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