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J’ai 37 ans et actuellement, je travaille dans l’Orne. Je suis originaire de Laval (Mayenne) et je souhaite vivement y revenir un jour. Je suis blogueur satirique pour Le Ouest-Franc. Je rédige seul mais les idées de sujet viennent aussi des copains, quand on blague autour d’un verre.
Dans quel but le site Le Ouest-Franc est-il né ?
Le site existe depuis cinq ans et fait son petit bout de chemin. Selon moi, la satire locale est nécessaire pour dire ce qu’il se passe, pour dénoncer ce qui peut se faire. C’est une alternative à la PQR (Presse Quotidienne Régionale, NDLR). Mais il faut faire attention à trouver la limite entre la critique et la vengeance personnelle. J’attends qu’une actualité sorte officiellement avant de blaguer dessus, d’en faire un article. La satire est une caricature de l’actualité. Je suis en contact avec celui qui a créé le site du Gorafi et pour lui, c’est plus simple car c’est à l’échelle nationale : il n’est pas en contact avec les gens.
"Je suis pour toutes les idées politiques"
Est-ce une façon de dire tout haut ce que certains pensent tout bas ?
En quelque sorte oui. J’ai par exemple écrit un article qui relatait le “piratage” du Cinéville de Laval qui proposait enfin une programmation de qualité. J’ai été surpris du nombre de vues. Je me suis rendu compte que j’avais touché un point sensible. Il y a aussi eu l’affaire qui a amené François Zocchetto à renoncer à sa candidature à la mairie : il sous-entendait avoir obéi à une demande de Jean-Vincent Placé. J’ai donc mis en scène son jumeau maléfique.
L’article n’a pas été beaucoup lu mais tant pis, c’était une façon de balayer d’un revers de la main son communiqué de presse. A Mayenne, Adrien Mottais a mis un temps fou à se déclarer candidat alors que c’était sûr à 100 % ! Je suis pour toutes les idées politiques, mais pas pour les manœuvres faites en sous-main.
"La presse, je la lis au quotidien"
Est-ce dur de se donner des limites ?
Oui, comme pour un journaliste, je pense. C’est un métier que je respecte, il n’y a aucune volonté de le critiquer. La presse, je la lis au quotidien. Ma plus grande peur est de devoir, un jour, écrire un article sur quelqu’un que je connais...
En 2017, vous avez placardé de fausses affiches de campagne “René Coty, notre raïs à nous” sur les panneaux d’affichage de Laval. Et ça a eu du succès...
On avait eu d’autres idées avant, comme “Gaston Defferre, l’homme qu’il nous fallut”, ou encore Giscard d’Estaing, qu’on garde pour plus tard. René Coty ? Nous ne sommes même pas spécialement des fans des films OSS 117 *. Juridiquement, nous avons joué avec les limites mais ça a fait rire. Et on ne tape pas sur ceux qui font rire.
Pour nous, c’était aussi du street art ! Et il se trouve que le scénariste d’OSS 117, Jean-François Halin, a pris contact avec moi sur Facebook après avoir vu ça. J’ai mis du temps à y croire mais j’ai fini par avoir confirmation que c’était lui ! On lui a apporté des affiches, il en a gardé une pour lui, une pour Jean Dujardin... L’affiche est devenue un objet culte ! Et en contrepartie, on lui a demandé si on pouvait figurer dans le prochain film.
"Dans un décor d'hôtel kenyan"
Comment avez-vous vécu cette expérience de figurant ?
C’était une première. Avec mon acolyte, nous sommes allés à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) le 11 décembre dernier, pour une journée. Le tournage a duré de 7h le matin à 20h le soir. Nous avions des rôles de touristes et les scènes avaient lieu dans un décor d’hôtel kenyan. Jean Dujardin et Pierre Niney étaient présents. La pression est telle qu’ils ne nous calculent pas, mais je ne leur en veux pas. On pouvait faire jusqu’à 15 prises pour un plan.
Cela vous a-t-il donné envie de refaire du cinéma ?
Non. C’était intéressant mais aussi fatiguant... Ce n’est pas un objectif. L’écriture pourrait être cool, mais je n’ai aucun projet à ce niveau. En revanche, la chronique radio ou satyrique pourrait m’intéresser un jour !
* : dans les films OSS 117, l’espion incarné par l’acteur Jean Dujardin voue un culte à René Coty, président de la République française de 1954 à 1959.
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