En décembre dernier, le syndicat policier Alliance manifestait son mécontentement devant le commissariat de Laval (Mayenne). Quelques jours plus tard, le gouvernement annonçait le maintien de leur régime dérogatoire de retraite. Une victoire. Mais les conditions de travail quotidiennes restent problématiques.
Cinq renforts
Emmanuel Lenglumé, responsable du syndicat Alliance, et Nicolas Crétois, officier de police judiciaire et élu en commission régionale, ont dressé un état des lieux. A commencer par une bonne nouvelle : l’arrivée au 1er mars de cinq renforts. « Cela va permettre de rééquilibrer les groupes en manque d’effectifs, même si l’on ne revient pas à l’équilibre de 2016 », explique Emmanuel Lenglumé. Car au 1er janvier 2016, 117 policiers composaient le corps d’encadrement et d’application (gardiens de la paix et gradés). Ils sont aujourd’hui 111.
Et sans que les effectifs augmentent, de plus en plus de missions leurs sont attribuées, comme la reconduite d’étrangers à l’avion ou en centre de rétention administrative, les présentations à la justice, ou encore les extractions de détenus pour le tribunal. « Pendant ce temps, cela fait moins d’agents sur la voie publique », constate Nicolas Crétois, qui raconte : « Récemment, on a eu une affaire avec trois mineurs. Six ou sept collègues ont été mobilisés pour aller les présenter à la justice, pendant un après-midi entier. Et ils ont été laissés libres. »
Un enquêteur traite entre 300 et 500 dossiers par an
Les deux policiers notent aussi que de plus en plus de personnes ne trouvent pas les bons interlocuteurs pour des soucis de la vie quotidienne. Comme exemple, Nicolas Crétois cite « les problèmes au sein des établissements scolaires ou des foyers. Il y a systématiquement un dépôt de plainte alors qu’avant c’était géré en interne ». A Laval, un enquêteur traite entre 300 et 500 dossiers par an. il faudrait sortir en moyenne deux ou trois dossiers par jour... Emmanuel Lenglumé développe : « Parfois, des gens appellent pour demander où en est leur plainte déposée il y a un an... On doit prioriser. »
Au final, comme le souligne le syndicaliste, « c’est pesant de se dire qu’on aura beau y mettre toute notre bonne volonté, on ne pourra pas faire tout le travail. Des collègues rentrent chez eux avec les dossiers en tête. Certains font des burn-out ou sont dans un état dépressif... La répercussion sur la vie de famille est importante. Le manque d’effectifs est le principal souci, car si vous avez assez de monde, vous êtes moins rappelés, notamment les week-end... »
Rénovation de la toiture
Au niveau matériel, la dotation en véhicules a été améliorée, « mais parce qu’on était descendus bien bas... On craint que ça recommence à l’avenir », note Emmanuel Lenglumé. La toiture va être refaite dès 2020. En attendant, des seaux servent à récupérer l’eau des fuites provenant
du toit. Le bâtiment date de 1995. « Cela fait deux ou trois ans que ça fuit quand il y a de gros orages. La toiture va enfin être changée à partir
de cette année, sur deux ans. »
Mais à la base de tout cela, Emmanuel Lenglumé et Nicolas Crétois, au nom de leurs collègues, attendent « plus de soutien et de considération de la part des supérieurs hiérarchiques. Un simple merci ou des félicitations au vu du nombre d’heures que peuvent effectuer certains policiers ». Au commissariat, la sirène reste tout le temps allumée.
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