Chef d’entreprise à Louverné (Mayenne), Luc Boisnard se prépare pour l’ascension du Makalu. Avec la même mission qu'il y a dix ans dans l'Everest : dépolluer.
Il y a dix ans, vous avez dépollué l’Everest. Racontez-nous.
Gravir l’Everest était un rêve de gosse. Mais je l’ai fait différemment car il s’agissait de la première opération française de dépollution de l’Everest. Nous avons descendu une tonne de déchets. J’ai toujours su que l’Everest était une poubelle. C’est dramatique, c’est la décharge parmi les décharges. J’avais constitué un team d’une quinzaine de sherpas qui montait dans la montagne avec des sacs à dos vides, les remplissait de déchets et redescendait dans la vallée, et ainsi de suite. Au camp de base, je leur ai appris le tri sélectif. J’ai été pionnier car depuis deux-trois ans, les projets de nettoyage sont de plus en plus nombreux.
L'un des sommets les plus techniques de l'Himalaya »
Il s’agit cette fois du Makalu, toujours dans l’Himalaya. Pourquoi ce sommet ?
Je pars le 5 avril pour un retour prévu aux alentours du 6 juin. C’est une grosse montagne, l’un des sommets les plus techniques de l’Himalaya. Makalu signifie “pyramide noire”. Cette montagne est éloignée des aspects touristiques du Népal. On s’attend donc à beaucoup moins de déchets que sur l’Everest. Je pars me ressourcer en pleine nature. Je vais être confronté à moi-même pendant deux mois, avec peu d’échanges avec le monde civilisé, ce qui m’intéresse au plus haut point actuellement. J’ai choisi ce sommet car la première ascension, en 1955, a été l’œuvre de deux Français, Lionel Terray et Jean Couzy. C’est aussi pour leur rendre hommage.
Une tentative de sommet envisagée
Comment l’expédition va-t-elle se dérouler ?
Il y aura un premier trekking de douze jours pour arriver au camp de base. Puis deux jours d’acclimatation. On monte ensuite au camp de base avancé à 5 600 mètres d’altitude. Pour, de nouveau, une phase de repos et d’acclimatation. Et après on enchaîne les aller-retours avec les camps 1, 2, 3 et 4 pour s’acclimater et descendre les déchets pour les trier. Quand on aura fait ça plusieurs fois, si les conditions sont réunies, notamment au niveau de la météo, on envisagera une tentative de sommet, à 8 485 mètres.
En quoi consiste la préparation physique ?
Elle est hyper importante, comme pour le mental. Partir là-bas non préparé, ou mal préparé, serait vraiment prétentieux et une belle erreur. J’effectue entre huit et douze heures d’entraînement par semaine en faisant travailler toutes les filières musculaires et cardio-ventilatoires. C’est aussi une préparation médicale. Il faut que je sois capable de me soigner seul et pour tous types de blessures, même les plus graves. Comme je fais beaucoup de sport en temps normal, j’ai simplement accéléré le processus en augmentant la fréquence, la qualité des entraînements et les kilométrages en vélo. Les premiers jours de trekking, sur 120 kilomètres et 8 000 mètres de dénivelé, vont taper dans l’organisme.
Je viens en aide à l'ONG Montagne & Partage »
Vos expéditions ont aussi un aspect humanitaire.
Je viens en aide à l’ONG Montagne & Partage, qui existe depuis 2010 au Népal et construit des écoles et des orphelinats dans les vallées très reculées, pour les enfants des montagnes. Je vais chercher des mécènes privés, et pour 1 euro récolté, j’abonde de 10 %. L’association en fera bon usage.
Cette nouvelle expédition en appellera d’autres ?
Potentiellement, oui. Dans les quinze années qui viennent, j’aimerais bien reproduire ce schéma environnement-humanitaire-ascension sur les huit sommets qui ont un accès direct par le Népal. Si on collecte vraiment ce que l’on veut collecter sur le Makalu, ça voudra dire que sur les autres sommets, il y aura aussi de quoi faire.
Pratique : pour suivre l’expédition, rendez-vous sur le site www.himalayan-cleanup.fr, onglet Blog.
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