François Pervis, 35 ans, est sept fois champion du monde et médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Il possède deux records du monde. Suite à des désaccords sur les méthodes d’entraînement du nouveau staff de l’équipe de France arrivé en septembre 2017 et une « régression en 2018 », le coureur licencié au Laval Cyclisme 53 s’entraîne à part et voit ses chances de courir à Tokyo diminuer.
Vous n’étiez pas sélectionné pour les championnats du monde à Berlin, du 26 février au 1er mars, est-ce une déception ?
Je m’y attendais. Cet hiver, la Fédération française de cyclisme n’a pas voulu m’inscrire sur les coupes du monde. Je n’ai pas pu montrer ce que je valais.
« Je n’arrête pas ma carrière »
Vous ne partez donc pas sur un pied d’égalité ?
C’est certain. Même pour les Jeux Olympiques (ndr : du 24 juillet au 9 août), la sélection se fait sur les coupes du monde. Pourtant, en septembre dernier, j’ai eu une discussion avec la fédération qui voulait me voir courir. Mais depuis, rien.
Vous avez participé quand même aux championnats du monde ?
J'étais en cabine à Paris pour les commenter avec Nicolas Geay qui est presque un ami. Je suis ravi de commenter même si j’aurais préféré courir. J’ai commenté les coupes du monde cet hiver. Cela a retenu l’attention de France Télévisions. C’est une belle reconnaissance. C’est compliqué, il y a trois actions en dix secondes. C’est très technique. Cette fois, j'ai commenté en direct. Si ça se passe bien, je pourrai commenter aux Jeux Olympiques. Ça sera différent de vivre cette aventure sur place. Je connais les coureurs et j’aurai à cœur de faire vivre leurs exploits.
Avez-vous fait une croix sur les Jeux Olympiques ?
J’aurai bientôt une bonne nouvelle à annoncer. Je n’arrête pas ma carrière. Je ne baisse pas les bras. J’ai envie de finir ma carrière sur une médaille… avec une belle aventure.
Que représente le Japon pour vous ?
C’est mon deuxième pays. Sans Japon, il n’y a pas de François Pervis champion du monde. J’ai donné un prénom japonais à ma fille, je prenais des cours, on me surnomme le « French Samouraï ». C’est une culture qui m’a vraiment marqué. J’y ai passé plusieurs mois par an pendant longtemps. Ça m’a aidé dans ma vie de sportif et dans ma vie d’homme. Essayer de finir ma carrière à Tokyo me bottait beaucoup.
Vous avez quitté le pôle France en janvier dernier, comment vous préparez-vous ?
Je suis livré à moi-même. Je m’entraîne encore à Saint-Quentin-en-Yvelines mais pas sur les mêmes horaires que le pôle France.
La partie financière est à votre charge ?
Tout est à mes frais : mes stages à l’étranger, le kiné, la diététique, le matériel… J’ai beaucoup plus de dépenses.
Je tape dans les réserves qui devaient servir à ma reconversion. Payer des agios pour la première fois, c’est bizarre. Je dois me serrer la ceinture.
Cela engendre des prises de tête
Le sponsoring aussi…
Certains partenaires se sont retirés. Ils n’ont pas fait la différence entre viré du centre d’entraînement et viré de l’équipe de France. Avec l’âge, c’est plus difficile d’en trouver. Je ne me plains pas, c’est un constat. C’est à moi de démarcher. Cela engendre des prises de tête, du stress, de la frustration et de l’anxiété. C’est néfaste et ça freine le sportif.
Vous sentez-vous abandonné ?
Non, je suis soutenu par mes fidèles partenaires. Je ne suis pas tout seul dans cette aventure. Mais ils ne peuvent pas prendre en charge tous mes frais de saison.
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