Marcel Guyard, 76 ans, habite en Sarthe, à Loué, une commune d’un peu plus de 2 000 âmes. Au quotidien, il reçoit l’aide de ses frères et sœurs. Mais le confinement a rendu ces petits coups de pouce plus compliqués à organiser.
Son petit-fils, Maël Langlais, habite Bonchamp (Mayenne). Avant le 17 mars, il aurait pu choisir de rester chez ses parents, de profiter du confort de sa chambre, de sa console et des bons petits plats préparés. Mais au lieu de ça, il s’est installé chez son papy pour "éviter qu’il soit seul" et "rassurer" ses parents.
Marcel vit seul depuis le décès de sa femme, il y a deux ans. Aujourd’hui, il ne peut effectuer sans être aidé toutes les tâches nécessaires au bon entretien d’une maison et d’un jardin. Aussi, Maël s’occupe "un peu de tout : du ménage, de la cuisine, des courses...".
Le quotidien de son aïeul s’en trouve un tantinet bousculé... "Je tente de lui cuisiner de nouvelles choses, mais lui veut vite retrouver ses plats cuisinés qu’il met au micro-ondes", s’amuse le jeune Bonchampois, élève de 1re au lycée de l’Immaculée-Conception, à Laval. Il faut dire que sa grand-mère "faisait tout".
Un quotidien compliqué
Voilà donc un peu plus de six semaines que les deux générations cohabitent. "J’essaye de trouver des activités pour éviter l’ennui, raconte Maël. Papy a du mal à marcher, donc on sort se balader un petit peu pour sa santé. On fait aussi des jeux de société, ceux pour des enfants de 5 ans, sinon c’est compliqué. On passe du temps dans le jardin. On discute aussi, même si ce sont souvent les mêmes sujets qui reviennent."
Maël, qui rendait visite à son grand-père environ une fois par mois avant le confinement, réalise que le quotidien de celui-ci n’est pas des plus simples. Notamment concernant les nouvelles technologies. "Les deux premières semaines, je les ai passées à lui expliquer comment fonctionne la télécommande. Et c’est encore compliqué. Mon grand frère est en train de lui en fabriquer une plus simple à utiliser. Papy ne passe pas beaucoup de temps devant la télé en ce moment : il aime regarder le sport, mais là ce n’est que du replay..."
"Il aurait pu tomber"
Alors le senior se plonge dans les jeux du journal, surtout les mots mêlés. "Il aime beaucoup ça, mais ce n’est pas évident. Ce que je pourrais faire en dix minutes, il le fait en une demi-journée."
Maël apprend aussi à composer avec les moments où son aïeul peut paraître déboussolé. Comme cette fois où il a entendu la porte d’entrée s’ouvrir. "Il partait voir l’un de ses frères, comme si de rien n’était. Je l’ai retenu." Ou quand il a été réveillé deux fois à une heure du matin par Marcel, qui pensait qu’il était 13h. "Il a aussi voulu changer lui-même une ampoule à 23h en montant sur un escabeau, se rappelle le lycéen. Heureusement que j’étais là, il aurait pu tomber."
A la supérette à vélo
Pas question non plus de laisser tomber les révisions. Même si Marcel, ancien pompier et ouvrier d’usine, ne comprend pas que son petit-fils puisse passer autant de temps à la tâche... "J’ai beaucoup de leçons, je rattrape des matières en retard. Mais au bout de trois heures, papy ne comprend pas que je travaille aussi longtemps et finit par venir m’embêter", rigole le jeune homme. Ne serait-ce pas plutôt là le signe que la compagnie du petit-fils est fort appréciée ?
Et pour les courses ? Marcel, depuis un an ou deux, ne conduit plus. Maël, 17 ans, n’a pas le permis. Alors il se rend à la supérette à vélo et, après le passage en caisse, appelle l’aide ménagère qui se déplace une fois par semaine (contre trois avant le confinement). "Elle vient charger le coffre de sa voiture et rapporte tout à la maison."
Un passage à la radio
59 ans séparent les deux compagnons. Marcel sait la chance qu’il a d’avoir son petit-fils à ses côtés. Au bout de six semaines, Maël, lui, trouve cependant le temps un peu long : "Ça va, j’ai quand même gardé contact avec mes amis. J’ai même passé mon anniversaire ici !"
Cette cohabitation, il a aussi pu la raconter sur Fun Radio, dans l’émission Bruno dans la radio, retransmise le matin sur la chaîne télé W9. "Ma mère avait répondu à l’une de leurs vidéos sur les réseaux sociaux. Ils m’ont contacté." Il est ainsi devenu le “héros du jour” de l’émission.
Dans cette période si particulière que nous vivons depuis plusieurs semaines, le geste de Maël peut paraître simple. Mais il est la preuve, une fois de plus, que dans la difficulté, les liens se resserrent.
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