En Mayenne, certains opticiens proposent des permanences, mais vous êtes le seul à avoir adhéré au dispositif “Urgences opticien”. Pourquoi ?
Nos syndicats principaux se sont regroupés pour proposer très vite une solution au gouvernement, de manière à répondre à l’urgence, dans un premier temps, des soignants. Le site internet a été mis en place et tout opticien pouvait se porter volontaire. Il se trouve que je me suis retrouvé tout seul en Mayenne. Je suis très embêté car des opticiens ne répondent même pas à leurs clients. Malheureusement, il y a des pièces que je ne peux avoir car elles sont en distribution sélective. J’ai été un petit peu déçu car dans tous les départements, quatre ou cinq opticiens se répartissent le flux.
Les gens qui vous contactent ne sont donc pas spécialement vos clients ?
Exactement, c’est même ma principale occupation. Je fais des journées complètes. Je prends des rendez-vous sur toute la journée et je suis complet pour plus d’une semaine. Il m’est arrivé de recevoir 102 appels en une journée ! Mes trois salariés sont en chômage partiel. Pour l’instant, j’arrive à gérer tout seul.
"Le personnel soignant, ma priorité"
En quoi consiste votre travail durant le confinement ?
Les réparations sont gratuites pour tout le monde : soudure, changement de branche, etc. Les fabricants jouent le jeu. Je prends les frais de port à ma charge. Le but est de rendre service. Je commence aussi à réintégrer des demandes simples, par exemple des besoins de lunettes, quand j’ai un petit créneau. Les urgences restent l’essentiel de mon activité et le personnel soignant, ma priorité.
Quels gestes barrières appliquez-vous ?
Je suis en contact à distance. Un sas a été installé à l’entrée. Il est indiqué au client qui arrive qu’il ne faut pas rentrer si quelqu’un est déjà à l’intérieur. J’ai tout ce qu’il faut en matière de protection. Notre syndicat nous a livré du gel, des masques, etc. J’ai des montants en plexiglas sur chaque table de vente afin d’éviter les contacts. Chaque monture essayée est systématiquement désinfectée. Le but étant avant tout de protéger tout le monde.
Comment s’annonce l’après-crise ?
J’ai anticipé le retour de mon personnel en mettant en place des procédures. Pendant un bon moment, on recevra sur rendez-vous.
Votre activité en ressortira-t-elle indemne ?
L’Etat propose pas mal de choses pour les entreprises. Mais elles sont nombreuses à être limitées financièrement. Je ne vous cache pas que pour moi, c’est un peu tendu avec ma banque. Malgré les annonces du gouvernement, les banques sont réticentes et veulent énormément de garanties. Certaines entreprises sont vraiment laissées pour compte car elles ne sont pas en mesure de rembourser un autre crédit. C’est surtout pour elles que je suis inquiet, même si, pour moi, ce n’est pas gagné non plus. En tout cas, les négociations avec la banque font que mes journées sont encore plus remplies et que je ne peux pas être concentré à 100 % sur mon travail.
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