De ses études en droit, Yannick Falélavaki, 31 ans, se rappelle : "J’étais sur une barque, tout allait bien. Mais le problème, c’est que c’était cette barque qui me guidait, et non l’inverse…" Né à Laval (Mayenne), il grandit dans le quartier Saint-Nicolas et décroche un bac scientifique. "Puis j’ai opté pour le droit. Car c’était l’école la plus proche d’où on habitait, et il se disait que ça apportait de nombreux débouchés." Deux premières années à Laval avant une troisième année de licence à Rennes (Ille-et-Vilaine). Pourtant, "à chaque fin d’année, je ne savais pas réellement où cela allait me mener".
Félicitations à l'unanimité du jury
En Ille-et-Vilaine, il y restera pendant neuf ans, jusqu’au doctorat. "J’ai même décroché un contrat doctoral : j’étais financé pour rédiger ma thèse." Bingo : en novembre 2016, il obtient les félicitations à l’unanimité du jury lors de sa soutenance. Mais ce même jour, son directeur de thèse vient lui annoncer "une bonne et une mauvaise nouvelle". Yannick Falélavaki explique : "La bonne, c’est que j’avais fait très bonne impression auprès du président du CNU (Conseil national des universités). Mais la mauvaise, c’est qu’ils n’ont pas vu passer mon dossier de qualification aux entretiens d’embauche pour devenir maître conférencier."
Aucune trace du mail
Une petite réforme imposait en effet une préinscription en septembre. Le jeune Mayennais a beau chercher parmi tous ses mails : aucune trace de cette information. Résultat : "J’aurais dû attendre l’année suivante pour candidater de nouveau…"
Yannick Falélavaki se retrouve donc à enseigner, sous contrat Ater (attaché temporaire d’enseignement et de recherche), et il apprécie. Il intègre aussi l’École des avocats du Grand Ouest (Edago), à Rennes. "De janvier à juillet, je suis la partie théorique. Mais physiquement, je touche le fond. Je développe même une maladie de peau à cause du surmenage." Puis vient la formation pratique d’un an : "J’ai déposé 62 candidatures. Tout ça pour aucune réponse."
"Trop diplômé…"
À 30 ans, le Lavallois se retrouve au chômage et retourne vivre chez ses parents. "Malgré mes efforts, je ne trouve pas ma voie, on ne m’accepte pas. Je suis parti trois semaines à La Réunion, pour souffler et voir mon frère." Au retour, il cherche à rebondir en tant que juriste. Mais là, on lui répond : "Vous êtes trop diplômé, trop spécialisé…"
L’histoire se répète. Alors il se met à chercher un métier “lambda”. En mars 2018, il est embauché par la société de transport Titi Floris, en CDI et à temps partiel. "L’été dernier, j’ai déménagé en Gironde, mais je travaille toujours pour eux", développe-t-il. Parallèlement, en 2018, Yannick Falélavaki monte sa micro-entreprise. Son objectif ? "Cumuler les compléments de revenus afin, à terme, que ceux-ci prennent la place de mon statut de salarié."
Conçus à l'Esat La Belle ouvrage
« Depuis l’enfance, je ne supportais pas de ressortir de chez le coiffeur avec des cheveux dans les oreilles. » D’où l’idée de commercialiser des protège-oreilles à travers une marque : Rheyo (www.rheyo.fr). Les produits sont conçus à l’Esat La Belle Ouvrage, à Saint-Berthevin. En intissé pour les hommes, et en tissu imperméable pour les femmes par rapport aux produits de coloration.
"Que ça donne quelque chose financièrement m’importe peu. J’apprends le cheminement de A à Z de la commercialisation d’un produit." Yannick Falélavaki développe d’autres activités : location de parkings et de voitures, mise en ligne de ses cours en accès payant, etc. "J’accumule plein de revenus différents, jusqu’à ce qu’un seul explose." Aujourd’hui, le Mayennais a au moins gagné le droit de choisir sa voie.
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