Consultant sur la chaîne Eurosport, le Mayennais Jacky Durand revient sur la terrible chute survenue la semaine dernière lors du sprint sur la première étape du Tour de Pologne. Le sprinteur Fabio Jakobsen revient sur Dylan Groenewegen qui le tasse dans les barrières. Plusieurs coureurs sont violemment tombés. Les images sont terribles. Jakobsen a été placé plusieurs jours dans un coma artificiel.
Quel regard portez-vous sur cette arrivée à Katowice en Pologne ?
Tous les ans, il y a cette arrivée en descente. Des records de vitesses sont battus chaque année. Les sprinters étaient à plus de 80 km/h. Ça reflète ce qui se passe dans le vélo en ce moment : la recherche du sensationnel. C'est la même chose en montagne, on cherche toujours la côte la plus pentue. En Pologne, comme c'était la reprise, tout le monde était un peu à cran. Il y avait un peu plus de nervosité. On pointe le Tour de Pologne mais il y a plein d'arrivées où il y a un dos d'âne à 400m de la ligne ou un plot. Je me souviens du Tour du Pays basque où des ilots directionnels n'avaient pas été signalés et avaient provoqué une grosse chute à 400m de l'arrivée.
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Les sprints sont-ils devenus trop dangereux ?
Ça fait partie du métier. Les sprinteurs savent que c'est dangereux mais ils déconnectent totalement et ne pensent qu'à la victoire. De toute façon, celui qui n'ose pas y aller ne gagnera jamais. Les sprinteurs s'exposent à des risques à la flamme rouge, aux 400m... A dix kilomètres de l'arrivée, la consigne des directeurs sportifs est de rester à l'avant et protéger son sprinteur. Sauf qu'il n'y a pas de place pour tout le monde. Il y a 10-15 ans, il y avait que deux équipes qui avaient un train. Les coureurs se foutaient de finir 50e ou 100e dans le peloton. Là, tu as plusieurs trains et tout le monde veut être devant.
"C'est fait à l'instinct"
Comment expliquez-vous ce geste de Dylan Groenewegen ?
Dylan Groenewegen sait qu'il fait une faute. C'est l'instinct du sprinteur. Il y a une sorte d'intimidation en se décalant. Quand il voit Fabio Jakobsen le dépasser, il met son bras sans penser qu'il poursuivra son dépassement. Je compare à la main de Thierry Henry face à l'Irlande (en 2009). Le mec se dit 'je n'ai que la main de disponible', c'est fait à l'instinct, il ne pense pas au fait qu'il n'a pas le droit d'utiliser la main. Dylan Groenewegen doit être au fond du trou. D'ailleurs, j'ai vu qu'il y a plusieurs années, il avait été balancé de la même façon.
Des solutions existent-elles pour éviter que des incidents de ce type se reproduisent ?
Je mettrais plus de virages dans le final. Ça permettrait d'étirer le peloton. On pense qu'une grande ligne droite est la meilleure solution mais tout le monde veut remonter et garder sa place en tête. Ça frotte plus et donc il y a un risque de chutes.
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