Lundi 10 août 2020, 11h, le soleil tape sur le boulevard Jourdan, à Laval. La barre des 30 degrés est presque atteinte. Malgré cette chaleur, Jacky Cousin est sur les routes comme chaque jour depuis plus de trente ans pour refaire la signalisation au sol.
« C’est vrai que j’aurais pu rêver avoir une meilleure fin de carrière. Entre la Covid-19 où il faut porter le masque quotidiennement et la canicule, ce n’est pas très agréable », regrette-t-il quelque peu.
Départ à la retraite
À 61 ans, le Mayennais, né dans la Sarthe, a décidé de prendre sa retraite le mois prochain. « J’ai repoussé d’un an mon départ. Lors du confinement, j’avais l’impression de débuter ma retraite, s’amuse-t-il. Finalement, j’ai repris le rythme au fil des journées. »
Ses journées, Jacky les passe sur les routes lavalloises où il trace à la peinture les lignes et diverses signalisations. « En binôme, je m’occupe de toute la signalisation. Que ce soit le marquage au sol, mais aussi l’aménagement et l’entretien des différents panneaux », précise l’agent de maîtrise principal.
« Être extrêmement vigilant »
En trente et un ans de carrière, Jacky aura vu quelques changements. Et notamment celui du comportement des automobilistes.
« Il y a vingt ans, les gens étaient respectueux. Aujourd’hui, il faut être extrêmement vigilant. Les automobilistes sont impatients, agressifs au volant. J’ai déjà failli me faire renverser, regrette-t-il. Parfois, tu as envie de leur répondre mais il faut rester stoïque et ne rien dire. »
Parmi les autres évolutions, Jacky pointe les atouts d’Internet : « À l’époque, on utilisait un plan. Aujourd’hui tout est enregistré grâce à Google. On gagne du temps et on peut retrouver un panneau ou un marquage effacé, par exemple. » Les poids des machines, moins élevés, permettent également de meilleures conditions de travail.
Reste tout de même le problème de l’odeur de la peinture, même si celle-ci ne représente pas une contrainte pour Jacky Cousin : « En plein air, on ne la sent même plus. En espace clos, on utilise quand même un masque. » La profession est pourtant reconnue comme étant à risques.
Un manque de reconnaissance
Quoi qu’il en soit, ce passionné de voitures de collection s’est épanoui tout au long de sa carrière. Son départ marquera un vide pour ses collègues : « On perd un très bon technicien, regrette Alban Davoust, son responsable. Humainement, cela va faire bizarre de ne plus l’avoir. Il a ce côté mesquin qui va nous manquer. »
Avant de travailler pour la collectivité de Laval, Jacky Cousin était carrossier peintre. Après quelques formations à Nantes, il a été embauché.
« Le métier est très varié. Nos programmes bougent quotidiennement. Quand il y a un accident par exemple, c’est à nous d’apporter les modifications nécessaires, explique celui qui vit à Cossé-en-Champagne. C’est un très beau métier. Je suis sûr qu’il peut attirer des jeunes. Malheureusement, la profession manque de reconnaissance. D’ailleurs, il n’y a aucune formation pour celle-ci. »
Avant de définitivement céder sa place, Jacky aura pour rôle de former son successeur qui le remplacera lors de son départ. « Lorsque j’ai débuté, j’ai dû apprendre sur le tas. À moi de transmettre mon expérience avant de partir », conclut-il.
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