Inutile de tendre l’oreille. À la ferme de la Censeraie, le tracteur a cédé sa place depuis déjà quelques années. Dans cette exploitation maraîchère bio de 12 hectares, située à la Chapelle-au-Riboul, c’est Thallus, un imposant percheron blanc, qui seconde Thomas Lefeuvre dans le travail des champs.
"Il sait ce qu'il a à faire"
Et l’animal ne se fait pas prier. « Il sait ce qu’il a à faire », assure le maraîcher en allant chercher son « compagnon de travail », qui pâture dans un verger en contrebas. « On ne va pas rester longtemps à cause de la chaleur », prévient Thomas. Une donnée que le professionnel doit prendre en compte. « On travaille avec de l’humain, il faut s’adapter. »
Une contrainte qui est loin de freiner l’homme de 37 ans, qui a découvert la traction animale il y a une dizaine d’années. « En 2008, pendant ma formation en maraîchage, j’ai rencontré un professionnel qui avait un percheron », raconte-t-il.
Deux ans plus tard, il passe un diplôme « d’utilisateur de chevaux attelés » dans le Jura. « J’ai travaillé dans plusieurs exploitations avec Thallus, que j’ai acheté en 2012, avant de m’installer à la Censeraie en 2017 grâce à l’association Terre de lien », poursuit Thomas, qui ne reviendrait pas au tracteur.
« Pas un retour 100 ans en arrière »
Car s’il attelle au cheval les mêmes outils que derrière un tracteur : charrue, bineuse, herse… le travail de la terre n’est pas le même en traction animale. « Il y a moins de tassements », explique-t-il. Un argument non négligeable, couplé à un bilan carbone négatif et à une autonomie totale. « Je produis tout le foin pour nourrir Thallus. »
Bien sûr que Thallus ne peut pas fournir la même quantité de travail qu’un tracteur, même s’il a une force d’1,5 fois son poids, concède Thomas. Mais il est capable de ne pas marcher sur les cultures, d’adapter son allure… Et puis il n’y a pas de pièce à changer », sourit le maraîcher.
Des avantages qui ont aussi convaincu Xavier Rebeyrat et sa compagne Gaëlle Gendry, installés à quelques kilomètres de là, à Grazay.
La traction animale est un bon compromis entre l’agriculture manuelle et mécanique », argumente le couple, qui exploite la ferme des Aubiers, labellisée Nature et progrès, depuis 2018.
Anciens naturalistes, ils cultivent désormais une cinquantaine de variétés de légumes aidés par Racoun, un cheval de trait comtois, et deux ânes : Boubou, un grand noir du Berry et Wladen, un baudet du Poitou. « Contrairement à ce que l’on peut penser, les ânes sont moins difficiles à dresser », explique Xavier. Car la traction animale ne s’improvise pas. « Ça demande des années de travail avec son animal. »
Il a autoconstruit son matériel
Quant à la rentabilité, le maraîcher, qui a autoconstruit tout son matériel de traction, assure que c’est équivalent. Même si pour les gros travaux, comme Thomas Lefeuvre, il s’autorise à utiliser un tracteur.
On défend une activité à l’échelle humaine, mais ça ne signifie pas que c’est un retour 100 ans en arrière. »
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