"Il a déjà avoué qu'il était coupable. Deux ans après, on veut qu'il paye pour ce qu'il a fait, pour nous avoir trahi." Ce jeudi 20 août 2020, elles sont 10 des 14 victimes à s'être déplacées au tribunal de Laval (Mayenne) pour assister au procès d'un homme de 47 ans, accusé d'avoir filmé plusieurs personnes sans leur consentement et dans leur intimité pendant près de huit ans.
"Le bon copain qu'on invitait partout"
"C'était une personne bien intégrée dans notre cercle d'amis. L'ami de tous", ajoute l'une des victimes. "Il allait prendre le café chez les uns, boire un coup chez les autres. C'était le bon copain qu'on invitait partout, il venait le week-end, pendant nos vacances. Il emmenait aussi mes enfants au foot." Elle rappelle que l'homme filmait "au camping, à la piscine, dans ses toilettes, dans la salle de bain..." Ce jeudi 20 août 2020, douze victimes se sont constituées parties civiles.
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Le 28 juillet 2018, elles sont trois à aller déposer plainte à la gendarmerie de Château-Gontier après un repas chez le prévenu, qui habite Bourgon. L'une d'elles explique alors que quand elle s'est rendue aux toilettes, elle a vu un téléphone caché dans une chaussette elle-même disposée dans un bac à linge sale. Une batterie reliée au téléphone permettait un enregistrement d'une heure et demi en continu. Elle a alors pris le dispositif et est allée le mettre dans l'assiette de son hôte avant de lui demander de s'expliquer.
"Vous avez nié avant de donner votre code de téléphone portable. D'autres vidéos ont été découvertes, rappelle le président du tribunal. Vous avez menacé de vous pendre si quelqu'un en parlait." Tout le monde a quitté la soirée.
Observée à la piscine
La victime qui a découvert le dispositif, alors qu'elle était enceinte, a aussi avoué avoir eu le sentiment d'être observée dans sa cabine lors d'une excursion à la piscine quelques semaines auparavant.
Placé en garde à vue, il a reconnu qu'il filmait chez lui, ou à Cancale dans la maison de vacances. A la barre, il s'exprime : "Je regardais ces vidéos et il m'arrivait de me masturber. Depuis les faits, je n'ai plus de vie sociale, j'ai honte."
Lors de sa garde à vue, et avant que son matériel informatique ne prouve le contraire, l'homme maintenait avoir filmé seulement deux femmes parce qu'il les trouvait belles. "Je ne voulais pas m'enfoncer plus que je ne l'étais déjà", avoue-t-il.
Des enregistrements au caractère sexuel
Quand aux raisons de ses agissements, le prévenu, qui a tenté de se suicider en 2018, évoque "une solitude affective" après une séparation douloureuse en 2005 après une relation de dix ans. "Je n'imaginais pas que ça soit grave à ce point. Elles doivent avoir de la haine contre moi. Je veux sincèrement m'excuser."
Pour le substitut du procureur, le caractère sexuel des enregistrements est bien présent. Il ajoute : "L'expertise psychiatrique ne révèle pas d'attirance pédophile." La présence d'enfants sur les vidéos a en effet inquiété de nombreuses victimes, même si le prévenu a nié avoir filmé dans cette intention.
"Il est seul, c'est déjà une forme de sanction"
L'avocat des victimes a souligné : "Elles sont là, accompagnées de leurs conjoint et avec leurs attentes : d'avoir des réponses à leurs questions et d'être reconnues en tant que victimes. Il dit ne pas avoir eu de plaisir en filmant les enfants ? Mais ce qui est mal, c'est de les avoir filmés."
L'avocat de la défense a rappelé : "Aujourd'hui, il est seul, et c'est déjà une forme de sanction même s'il assume ce qu'il a fait. Il sait que s'il en est là, c'est de sa faute. Le suivi psychologique l'aide à réfléchir et à s'en sortir."
Dix huit mois de prison avec sursis et le dédommagement des victimes ont été requis contre le prévenu. Finalement, le tribunal l'a condamné à un an de prison avec sursis probatoire de trois ans, obligation de soins, de travail, d'indemniser les parties civiles, et interdiction d'entrer en contact avec les 14 victimes.
Après le verdict, les victimes présentes au procès n'ont pas caché leur satisfaction au sujet du déroulement des débats : "La justice a pris notre affaire au sérieux. Le préjudice subi a été reconnu à juste titre. Ses excuses, on s'en fout. Il était dans la vie de chacun de nous, vraiment intégré. S'il avait vraiment honte, il serait parti vivre ailleurs."
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