« J’ai fait l’impossible pour tous les enfants qui m’ont été confiés », lance d’entrée de jeu Guy Goupil, instituteur retraité. Né à Couesmes-en-Froulay (aujourd’hui Couesmes-Vaucé) en 1931, Guy Goupil a marché dans les pas de ses parents, eux aussi instituteurs. « Mon grand-père était cordonnier. Il fabriquait des chaussures pour l’usine d’Ernée. Ma grand-mère était domestique, elle a connu la guerre de 1870 et elle m’en parlait », énumère le retraité comme pour se souvenir d’où il vient.
Vers 11 ans, Guy Goupil a suivi le cours complémentaire à Mayenne. « Les Allemands étaient dans le dortoir au-dessus du nôtre. En 1944, ils tiraient sur les avions alliés dans la cour de l’école. Ma mère est venue me chercher en mai car elle avait peur pour moi. D’autres élèves ont suivi, mais à la veille du bombardement de Mayenne, il restait encore un groupe d’élèves à l’internat », se souvient-il encore.
Après la guerre, le jeune homme a suivi les cours de l’école normale pendant quatre ans à Laval.
Nous étions boursiers et avions un engagement de 10 ans auprès de l’État. Il y avait une grosse pression car si on ne respectait pas cet engagement, nous devions rembourser. »
Adepte de la pédagogie Freinet
Et dès 1952, à seulement 21 ans, Guy Goupil a pris en charge les élèves de l’école de Couesmes, où enseignait jusqu’alors son père tombé malade. Muté à Saint-Hilaire-du-Maine, le jeune instituteur a été appelé au service militaire en novembre. « J’ai été maintenu en Tunisie pour rétablir l’ordre. Je suis sorti en mai 1955 et j’ai été rappelé en septembre 1955, la veille du décès de mon père. J’ai embarqué pour le Maroc pour calmer les troubles. J’y suis resté trois mois. J’étais déjà nommé comme instituteur au Horps où j’ai enseigné de janvier 1956 à 1962. » C’est au Horps que Guy Goupil fera la connaissance de Michel Angot, ancien maire de Mayenne.
J’ai eu la chance d’avoir un maître instituteur exceptionnel que je salue. Il a su déceler chez moi quelques qualités », avait souligné Michel Angot lors de ses derniers vœux en tant que président de Mayenne communauté, en janvier 2020.
Après cette date, changement de cap pour cet enseignant du monde rural. « On parlait de regrouper les petites écoles et Le Horps devait rejoindre Villaines. Alors, avec mon épouse, institutrice également, on a demandé à aller à Mayenne. L’inspection académique lançait une classe d’expérience à Jules Ferry, qui devait mettre en application la pédagogie Freinet. » Une pédagogie que Guy Goupil connaît bien. « J’allais déjà dans ce sens à mes débuts. Cette pédagogie amène les enfants à une autonomie, en leur inculquant une éducation citoyenne, et dans un profond respect des enfants. À l’époque, on prenait encore beaucoup les enfants pour des sous-hommes et il y avait beaucoup de sanctions physiques. Ma femme et moi ne partagions pas cette démarche. On s’est élevés contre cette humiliation ».
Cette classe expérimentale a bien fonctionné pendant deux ans. « Ça n’était pas bien accepté par les collègues. Les gens pensaient qu’on faisait cela parce qu’on n’avait pas envie de travailler. Les mentalités ont évolué en 1968. Il y avait eu tellement de changements que les gens étaient plus prêts que dans les années 50. »
Respect des enfants
Une formation pour devenir maître de classe de transition au collège Jules Ferry de Mayenne s’est ouverte à Guy Goupil en 1967.
Il s’agissait d’aider les enfants en difficultés à rejoindre un cycle classique. J’ai travaillé là-bas jusqu’en 1975, avant de devenir enseignant de mathématiques au collège. Ma femme, elle, est devenue, professeure de français. Notre état d’esprit est demeuré celui d’un instituteur. Enfant comme adolescent, il faut juste les respecter. »
Privé d’un œil à la suite d’un accident de camping en 1987, Guy Goupil a dû se résoudre à prendre sa retraite. « Ça a été un coup dur mais j’ai fait face. J’ai repris mes activités de bricolage et auprès des Amis de Freinet, dont je fais partie des membres fondateurs (un musée existe même à Mayenne, NDLR). »
À 89 ans, l’ancien instituteur garde un regard bienveillant sur son ancien corps de métier. « Chacun fait ce qu’il peut. Mais dans l’ensemble, je pense que durant le confinement, chacun a su s’adapter. »
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