Charly Guerrier, Mayennais de 27 ans, va prendre le départ du Tour de France pour la seconde année consécutive. Non pas en tant que coureur, mais comme mécanicien au sein de l’équipe Arkéa-Samsic où il exerce depuis deux saisons. Le Mayennais qui a travaillé pendant sept ans dans un magasin Giant aura un rôle déterminant cette année. Il s’occupera notamment du vélo de l’ancien champion de France Warren Barguil.
Comment êtes-vous arrivé au sein de l’équipe Arkéa-Samsic ?
Je travaillais comme mécanicien à Giant Mayenne. Deux semaines avant le départ du Tour de France en 2018, l’équipe a changé de partenaire pour ses vélos. Il y avait 100 cadres à monter. Par relation, j’ai appris qu’Arkéa cherchait de la main-d’œuvre. J’ai fait la démarche de les contacter puis le lendemain j’étais là-bas pour monter les vélos. Ça s’est super bien passé, j’ai fait ce que je savais faire. Ils ont pris mon numéro. Puis un jeudi, je m’en souviendrai toute ma vie, j’ai reçu un appel de l’équipe. J’ai tout de suite compris.
Comment se sont déroulés vos débuts ?
J’ai eu la chance d’avoir été très bien accueilli par tous mes collègues. Ils m’ont très rapidement guidé car ce n’était pas simple. Sur Paris-Nice, ma première course World Tour, je me suis dit : « Mais qu’est ce que je fais là ? » Je me suis demandé si tout ça était fait pour moi. A chaque changement, il faut du temps pour prendre ses marques. Maintenant, je suis super à l’aise.
Qu’est-ce que le Tour de France a de si particulier ?
Il faut être au millimètre. Tu n’as pas le droit à l’erreur. Au magasin, c’est pareil mais si ton client a un problème, il revient le lendemain. Sur le Tour, ce n’est pas possible. Il y a aussi l’enjeu économique. Le sponsor veut logiquement un retour sur investissement. Quand tu entends à Radio Course qu’Arkea est appelée pour une crevaison par exemple, tu ne vas pas dépanner de la même façon. Il y a l’enjeu. Tout peut basculer si le coureur crève au mauvais moment. Tu sais aussi qu’il y a la télévision, donc il ne faut pas se louper.
Au bord des larmes sur les Champs
Qu’est-ce qui change par rapport aux autres courses ?
Sur le Tour, c’est énorme. On part avec 5 000 bidons et entre 30 et 40 boyaux. On prend 21 vélos. Chaque coureur a également deux vélos de chrono. Certains leaders comme Warren Barguil ont quatre ou cinq vélos pour toute l’année. Pour le Tour, on emmène tout.
Avec une pression supplémentaire.
Forcément ! Surtout quand tu es néo-pro comme moi. Tu retraces tout ton parcours. Dès que tu montes dans la voiture, il y a un mélange de stress, d’adrénaline, d’excitation... Du début à la fin tu vis le truc. Sur les Champs-Elysées, j’étais au bord des larmes. Je revois toujours cette image avec le soleil qui se couche. Dans la voiture, avec le public, c’était monstrueux. Comme j’étais dans la deuxième voiture, je n’ai fait qu’un tour mais ça a suffi pour graver le moment dans ma tête.
Finalement, vous avez un peu changé de vie ?
Je vis à la même enseigne que les coureurs. Tu t’habitues vite à la vie d’hôtel. Quand tu rentres chez toi à la maison, tu n’as pas envie de cuisiner. Cette vie me plait. Quand j’étais au magasin, le soir, je rentrais et je faisais ma petite vie. Là, le soir, tu es tout le temps occupé. Quand je rentre à Mayenne, je m’ennuie un peu.
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Le spectre d'un Tour de France à huis clos s'est fait sentir. Le grand départ aura bien lieu, samedi 29 août à Nice, avec du public. La proximité coureurs-spectateurs sera compromise. Les selfies et autographes ont été interdits. Les membres de l'équipe Arkéa-Samsic ont signé une charte. Ils se sont engagés à ne voir aucune personne étrangère au Tour pendant toute la durée de l'épreuve, à soutenir la campagne de sensibilisation... Depuis la reprise au début du mois d'août, Charly Guerrier est testé plusieurs fois : six jours puis trois jours avant chaque course World Tour et Pro Séries. Le mécanicien d'Arkéa-Samsic a également subi une prise de sang pour vérifier qu'il n'avait jamais été positif à la Covid-19. "Quand je suis à Mayenne, je dois faire la démarche au pôle santé, explique-t-il. Quand je suis de retour en Mayenne, je fais ma vie. Mais par rapport au côté professionnel, je fais très attention car la propagation peut aller très vite dans l'équipe." Si l'une des équipes présentes sur le Tour recense au moins deux cas positifs en sept jours, elle sera exclue. Les coureurs sont concernés ainsi que tous les membres de l'équipe.
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