Ca commence toujours de la même façon. Un dealer se vante un peu trop. Il prend trop d’importance et se fait balancer ». Un peu blasé, le procureur de la République souligne un air de déjà-vu pour évoquer le démantèlement d’une partie d’un réseau de stupéfiants, impliquant huit hommes et une femme.
L’affaire commence en 2008. Un dealer appelé Kévin S. vend du cannabis dans le Vieux-Laval. Il ne travaille pas mais parle beaucoup. Dans les bars, l’homme raconte qu’il fait au moins 2 000 euros de profit par mois. Trop pour certains vendeurs qui le balancent anonymement au commissariat. Le dealer est placé sur écoute pour remonter la filière. « En un mois, vous avez passé 4 022 coups de téléphone », adresse la présidente au prévenu. L’homme monte en puissance et s’appuie sur deux réseaux basés à Rennes et à Vitry-sur-Seine.
Dans la région parisienne, il rencontre Miras T. Les relations, cordiales au départ, se dégradent. L’argent n’arrivant plus, le banlieusard menace de mort son associé « J’avais la pression de la part de mes fournisseurs car il ne payait plus », s’est justifié Miras T.
Fin novembre 2008, les policiers décident de passer à l’action en arrêtant les dealers. 3,5 kg de cannabis sont retrouvés dans le siphon de la baignoire de Kévin S. ainsi qu’un répertoire comprenant les noms des acheteurs et revendeurs. Au moins 10 kg de cannabis et 100 g de cocaïne auraient transité pour un montant de 42 000 euros. « Ça fait frémir quand on pense qu’au final, tout a été consommé. Et ce n’est pas exhaustif », s’est indignée la juge.
Au fil des interpellations, les policiers découvrent également d’autres “gros bonnets ” grâce à des intermédiaires mayennais communs. En 2009, ils arrêtent Bruno B., soupçonné d’être à la tête d’un important réseau de distribution d’héroïne.
S’approvisionnant à Rouen, il est aidé par Julie G. qui le conduit en Normandie contre 5 g d’héroïne. Dépendante et “utilisée” selon son avocat, cette toxicomane revend la marchandise pour payer sa consommation personnelle comme Ulysse P., quasiment amnésique aujourd’hui. Avec une consommation quotidienne de 4 g d’héroïne pendant un an, l’homme a expliqué, devant la cour, qu’il s’était fortement endetté : « Des personnes à qui j’avais acheté la drogue ont menacé mes parents. C’est ma mère qui a remboursé mes dettes ».
« Comment voulez-vous que ça se termine ? A Marbella ou avec une balle dans la tête ? », s’est insurgé le procureur qui a déploré l’omerta régnant parmi les accusés. « Vous êtes abîmés, vous avez peur, vous avez la pression. Pourtant, le seul moyen de s’en sortir est de balancer les têtes ! », a-t-il poursuivi. Sans réponse...
Le tribunal a prononcé des peines de prison ferme de deux ans et un an à l’encontre de cinq prévenus, les quatre autres n’écopant que de sursis.
Pierre-Alexandre Gouyette
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.