C’est l’heure de la récréation à l’école Saint-Martin de Mayenne. Difficile pour Dominique Laizé de se frayer un chemin dans la cour des maternelles sans que ces derniers ne le sollicitent ou lui tendent un ballon. Auprès des écoliers, l’homme a sans aucun doute trouvé sa place.
Depuis septembre 2020, il occupe un poste d’Asem (agent spécialisé des écoles maternelles) dans cet établissement du centre-ville. "Je gère la cantine, les temps d’activités périscolaires et la garderie", présente-t-il.
Un travail qu’il alterne avec sa formation au lycée Don Bosco, les mercredis et pendant les vacances. "Je vais passer mon CAP accompagnant éducatif petite enfance en mai." Un retour sur les bancs de l’école qui sonne comme une victoire pour cet Aronnais de 56 ans.
"Ce jour-là, j’ai su que ma vie allait changer"
En effet, en mars 2016, et alors qu’il exerce comme menuisier parquetier depuis toujours, il est victime d’un accident du travail qui contraint les médecins à l’amputer de son index gauche. "Ce jour-là, j’ai su que ma vie allait changer. J’avais perdu mon outil de travail", confie celui qui ne se résigne pas.
Pendant les trois années qui suivent, son quotidien est rythmé par les opérations et les séances de rééducation. "J’ai profité de cette période pour faire un bilan de compétences, proposé par l’assurance maladie", explique Dominique. Il s’inscrit à Pôle Emploi en février 2019 mails est orienté vers Cap Emploi, un organisme de placement spécialisé, qui favorise l'embauche des personnes en situation de handicap dans les entreprises.
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"Ma famille m’a dit, pourquoi pas Asem ?"
Dominique enchaîne avec des stages d’ambulancier, de postier et de moniteur d’atelier en Esat. "J’ai découvert que le relationnel m’intéressait." C’est sa famille qui le met sur la voie. "J’ai fait beaucoup d’animation quand j’étais jeune et je suis titulaire du Bafa. Ma famille m’a dit, pourquoi pas Asem ?"
Il sollicite alors l’école Saint-Martin pour un stage découverte. "Ça m’a tout de suite plu." Il découvre dans la foulée que Don Bosco propose un CAP et s’inscrit pour la session 2020-2021.
"En retournant à l’école Saint-Martin pour faire une demande de stage à effectuer pendant mon année de CAP, la directrice m’informe qu’il cherche un Asem pour septembre", raconte Dominique qui se voit proposer un contrat de professionnalisation avant un potentiel CDI.
"J’aurais pu faire des petits boulots et attendre ma retraite"
"Ce n’est pas toujours facile pour faire les lacets ou mettre les fermetures éclair, sourit Dominique. Mais c’est un travail qui convient à mon handicap." Et surtout, ça lui plaît.
"Cela permet de démystifier le handicap auprès des élèves"
"C’est une reconversion en passe d’être réussie", confirme la directrice de l’établissement, Cécile Chevalier, qui voit beaucoup d’avantages à l’arrivée de Dominique.
"Cela permet de démystifier le handicap auprès des élèves mais aussi de gommer les préjugés sur le métier d’Asem, encore trop féminin. Et puis, ses compétences en bricolage, liées à son ancien métier, sont bien utiles !"
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