Infirmière depuis plus de trente ans au Centre hospitalier de Laval (Mayenne), Sylvie* a été testée positive à la Covid-19. "On a entendu dire que si on était absent plus de huit jours on nous conseillait d’aller se faire tester. Mais les consignes sont confuses." Après quelques jours de vacances, c’est donc par acquit de conscience que Sylvie se fait dépister.
"Hors de question d'aller travailler"
Le test s’avère positif. Sylvie informe donc son médecin traitant et sa cadre de service. Pour le premier, "hors de question d’aller travailler". Mais sa cadre, elle, lui demande si elle a des symptômes. "J’ai répondu que oui, j’avais un petit rhume, mais que ça serait passé inaperçu. Elle m’a répondu que si j’étais asymptomatique je devais venir travailler. En soi, ça ne me dérangeait pas car mon état le permettait, mais je ne voulais pas non plus refiler le virus à tout le monde."
"La médecine du travail dit qu’il ne faut pas venir travailler même en étant asymptomatique, poursuit l’infirmière. Ma cadre n’avait pas l’air franchement au courant. La cadre supérieure est intervenue et l’a contredite en disant que je devais respecter un confinement de huit jours. Même eux ne sont pas du même avis…"
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"Ça fait mal au cœur"
Il faut dire que les consignes ont évolué. Lors du premier confinement, les soignants positifs asymptomatiques ou avec des symptômes légers devaient être présents au Centre hospitalier si leur température corporelle était sous les 38°. Ce qui n’est plus le cas maintenant. Sylvie poursuit : "Et puis l’ARS tient aussi un autre discours. Selon eux, je pouvais aller travailler."
L’infirmière souligne donc la mauvaise communication interne à l’hôpital. "C’est quand même quelque chose, il faut se battre, ce n’est pas simple… On n’est pas du tout aidés par l’administration. On a l’impression d’être abandonnés. Au premier confinement c’était pareil, on ne les a pas vus. On n’a jamais été bien considérés, ça fait mal au cœur. On nous rappelle sans arrêt pendant les vacances, les repos."
Nouveauté tout de même : "Les jours de repos où l’on revient travailler sont payés en heures supplémentaires." Mais "on est fatigué, les gens en ont marre", ajoute-t-elle.
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Plein d'arrêts de travail
La CPAM ? "On est bien suivis, ils m’ont encore rappelée dernièrement au sujet des cas contacts. De ce côté-là, il n’y a aucun souci." Sylvie a été placée à l’isolement après sa première nuit de travail. "J’ai dit avoir été en contact avec l’aide-soignante avec laquelle je travaille. Même si on est masquées, on travaille l’une à côté de l’autre. En revanche, les autres membres du service qui m’ont fait les transmissions n’ont pas été testés. La cadre m’a dit qu’il n’y avait pas de problème puisqu’ils étaient masqués. On sent qu’on n’a pas envie qu’on soit testés. En même temps, c’est le bazar, il y a plein d’arrêts de travail…"
Sylvie reprend a depuis repris le travail. L’amour qu’elle porte à son métier prend le dessus.
* prénom d'emprunt
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