Le cauchemar des machines à laver. Le rêve des enfants. Les maternelles de l’école Sainte-Marie, dans le quartier Grenoux à Laval (Mayenne), passent tous leurs mercredis matin dehors, dans un sous-bois ou dans un potager. « On sort. Peu importe le temps ou la saison. Les enfants ressentent différentes sensations », explique Thomas Charles, instituteur des moyennes et grandes sections et directeur de l’établissement.
Un enseignement innovant qui prend tout son sens en cette période de crise sanitaire du Covid-19.
Un équipement spécial pour la classe dehors
Avant de parcourir le kilomètre qui sépare l’école du sous-bois, les élèves s’habillent. Bottes, pantalon imperméable, bonnet, écharpe et gants si besoin. Chaque élève apporte un goûter pour une pause vers 10 heures.
Thomas Charles expérimente cette technique depuis trois ans. Elle a fait ses preuves : « On travaille toujours quelque chose. Reconnaître des végétaux, reproduire des formes géométriques avec des bâtons. Je me souviens d’un enfant qui avait des difficultés pour retenir les formes géométriques. Le fait de les réaliser avec des petits bâtons dans la forêt a été pour lui un déclic. Certains s’ouvrent plus dehors qu’en classe. »
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"Ne pas faire mal et ne pas se faire mal"
Ce mercredi-là, l’objectif est d’aligner cinq bouts de bois dans l’ordre croissant. Un travail à effectuer avant la partie exploration libre, la préférée des enfants.
Les bouts de bois sont à la base de tout : construction de cabane, pistolet virtuel ou balayage des feuilles. Certains les aiment tellement qu’en perdre provoque des pleurs. D’autres préfèrent descendre une petite bute sur les fesses ou à pleine vitesse, quitte parfois à s’étaler de tout son long sur le sol.
La fatigue ne les atteint jamais. Ni la solitude. « Une solidarité se met naturellement en place. Si quelqu’un demande de l’aide, un de ses camarades viendra », se réjouit l'instituteur qui s'inspire des écrits de Sarah Wauquiez, institutrice belge qui a notamment écrit L'école à ciel ouvert.
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Une pratique qui commence à se développer
Pour faire sortir les élèves, aucune autorisation, ni du maire, ni du directeur d'académie, n'est nécessaire. "Lors du premier confinement, on a eu un document officiel qui expliquait comment organiser la classe à faire dehors avec la situation sanitaire ».
En raison d'un protocole sanitaire strict, le gouvernement avait en effet incité les enseignants à faire classe dehors après le déconfinement du 11 mai et le retour en classes pour les plus de 12 millions d'élèves des écoles, collèges et lycées.
https://twitter.com/jmblanquer/status/1277974270438563856?s=20
C'est également ce qu'avaient proposé un collectif de plusieurs dizaines de chercheurs, enseignants, formateurs, acteurs associatifs... Dans une tribune publiée dans Le Monde (article payant), ils plaidaient pour une généralisation de l'enseignement en extérieur.
« Au Danemark, dont c'est originaire, ça a commencé car ils manquaient de salles, rappelle Thomas Charles. Tous les professeurs de primaire peuvent faire classe dehors. A terme, j'aimerais que toute l'école le fasse. »
Si certaines écoles en France reproduisent ce schéma, elles restent marginales. Mais "il y en a de plus en plus", applaudit Thomas Charles.
Anastasia Brodin, enseignante en petite et moyenne section, qui expérimente cette pédagogie depuis septembre, s’interroge :
https://youtu.be/AN2aNqwfVuo
La meilleure journée de la semaine
Pour changer, Thomas Charles peut décider d’emmener ses élèves au potager pour voir l’évolution des plantations. Dans les prochaines semaines, une session ramassage des déchets est prévue.
Pour tous, la conclusion est la même : « Le mercredi est la meilleure journée de la semaine. » L’annonce du retour à l’école provoque des « Non ! » à s’en époumoner.
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