Les faits remontent à décembre 2015, à Laval (Mayenne). Le jeune homme, qui a alors 19 ans, est originaire de Martinique. Il est arrivé en métropole quelques mois auparavant et a rencontré sa compagne, partie civile dans ce dossier, en septembre à Laval. Celle-ci est la maman de trois enfants, dont la dernière est alors âgée d’un mois.
"Le premier mois de la vie commune se passe correctement, rappelle Maître Lecomte, avocat des parties civiles. Puis il devient de temps en temps agressif à l’égard de madame. Il pouvait se montrer un peu autoritaire, mais rien ne laissait penser qu’il pouvait être violent avec un enfant."
Des convulsions
Le 7 décembre 2015, la maman part à 8h15 déposer ses deux aînés à l’école et faire quelques courses. Le bébé reste sous la surveillance de son compagnon. Un quart d’heure plus tard, ce dernier tente de joindre sa compagne via Facebook pour l’informer que sa petite fille ne va pas bien. Problème : avec son téléphone, sa compagne n’a pas accès à internet. L’homme appelle alors sa belle-mère pour lui dire que "l’enfant est bizarre, sans donner de détails", poursuit l’avocat des parties civiles.
À 10h, la maman et la grand-mère arrivent au domicile. Elles aperçoivent le bébé posé sur le matelas, victime de convulsions. Sa tête ne tient plus, elle bascule. La grand-mère appelle donc les pompiers, qui transportent la petite fille au centre hospitalier de Laval, puis au CHU du Mans dans l’après-midi car son état est très inquiétant.
Le lendemain matin, la maman et son compagnon se rendent au CHU. Le pronostic vital du bébé, placé sous respiration artificielle, est engagé. Compte tenu du signalement fait au parquet, les policiers arrivent sur place et les placent tous les deux en garde à vue. Au bout de la troisième audition, l’homme avoue à demi-mot avoir un peu secoué l’enfant. Il est alors placé en détention provisoire.
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Graves séquelles
Aujourd’hui, la petite fille présente de graves séquelles de ce drame. Elle ne voit pas, ne peut pas parler, se déplace en fauteuil roulant et s’alimente par une sonde. Depuis plusieurs mois, elle vit dans un centre adapté près de Tours. Selon le médecin présent pendant l’audience, il n’y a quasiment pas d’évolution possible.
"Lui n’a pas appelé les secours. Elle est restée pendant une heure et demie à convulser. Je ne suis pas médecin, mais sans doute que ça a aggravé. L’enfant est polyhandicapée à vie. C''est une catastrophe", ajoute Maître Lecomte.
"Il a paniqué"
L’avocat de la défense, Maître Guyot, raconte : "Mon client s’absente aux toilettes ce matin-là. Quand il en sort, il entend l’enfant pleurer. Il s’aperçoit que celui-ci est en train de s’étouffer. Il panique. À ce moment-là, il va avoir un geste - on ne sait pas trop lequel - un peu violent qui va entraîner le syndrome du bébé secoué. Dans ce moment de panique, il oublie d’appeler les pompiers."
Il poursuit : "La veille, le dimanche 6 décembre, l’enfant avait eu un malaise assez bénin : un spasme du sanglot. La grand-mère, qui a élevé quatre enfants, a bien réagi, lui a fait quelques tapes dans le dos et cela s’est calmé. Confronté à la même situation le lendemain, mon client, que les psychologues décrivent comme une sorte de grand gamin pas très mature, a paniqué."
Huit ans de réclusion criminelle
Le prévenu, déjà père d’un enfant au moment des faits et qui, depuis, est devenu père deux autres fois avec sa nouvelle compagne en Loire-Atlantique, a été condamné à huit ans de réclusion criminelle sur les dix ans requis. L’avocat des parties civiles a, de plus, obtenu une provision de 30 000 euros à valoir sur le préjudice de l’enfant et la réparation du préjudice moral de la maman à hauteur de 8 000 euros.
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