A Laval (Mayenne), ils sont les oubliés du dimanche. A quelques mètres d'eux, les voitures de la Ville bloquent la rue du Général-de-Gaulle. Plus loin, la place du 11-Novembre. Et entre les deux, une zone piétonne destinée à favoriser la libre circulation à l'occasion de l'ouverture exceptionnelle des commerces le dimanche en ce mois de décembre.
Les oubliés, ce sont des commerçants de cette même rue De-Gaulle, ceux installés plus loin, au-dessus de l'intersection avec la rue Bernard-Le Pecq. Catherine Aubry est la gérante de la boutique C' Votre Style, située à l'intersection avec la rue de Rennes. Sa surprise fut grande quand, dimanche 13 décembre 2020, elle a vu le dispositif être installé une cinquantaine de mètres plus bas. "Le plan initial nous incluait dans cette zone piétonne", souligne-t-elle.
"Les piétons font demi-tour"
Une semaine avant, la zone n'existait pas. Michèle Juillet, du magasin Caractères, se rappelle : "Les gens montaient jusqu'ici." En effet, cette fois, le constat a rapidement été effectué : "Les piétons, d'éventuels consommateurs, s'arrêtent une fois arrivés aux voitures et font demi-tour. Et encore, le premier dimanche, un camion bloquait la rue : impossible de voir qu'il y avait d'autres commerces plus loin. Les gens qui viennent se promener ne connaissent pas spécialement la ville", poursuit la commerçante qui, comme d'autres, a terminé ce dimanche les larmes aux yeux.
"Pas assez de voitures de la Ville"
Alors, via les réseaux, elle a écrit à Laval La Ville. "Ils ont envoyé quelqu'un vendredi dernier. On m'a indiqué que ça serait pareil pour le dernier dimanche, le 27. On m'a dit qu'il n'y avait pas assez de voitures de la Ville disponibles. Puis qu'il n'y avait pas assez de volontaires. Et enfin, que c'était à cause du plan Vigipirate." Difficile, pour elle comme pour les autres, de croire en ces prétextes. Seule évolution : le camion a été remplacé par deux voitures.
Mais dimanche 20 décembre, rien n'a changé. Michèle Juillet n'a ouvert qu'une heure, avant de repartir. Pierre Jaclard, de la boutique Réminiscences, a eu tout le loisir de faire son ménage et de nettoyer ses vitres. "On nous squeeze totalement, se plaint-il. A la place des élus, je ferais en sorte de me mettre le moins de personnes à dos."
"On a planté Noël"
Catherine Aubry a fait moins de 50 euros de vente : "Mais on ne parle pas du chiffre d'affaires ! Ces journées-là sont utiles pour faire en sorte que les clients reviennent plus tard, les autres années." Il s'agit d'une "nouvelle clientèle", poursuit Michèle Juillet.
Alors, depuis le pas de leur porte, ils ont pu observer la foule au loin. Celle qui fait demi-tour. La goutte de trop pour Pierre Jaclard : "Ils ont créé une zone commerciale dans un centre-ville commerçant. Seuls les franchisés sont dans cette zone piétonne. Nous, on a planté Noël grâce à la mairie."
La mairie a, de son côté, avoué que le document transmis début décembre indiquant que ces commerces se situaient dans une zone piétonne comportait une erreur. "Sur ce document, il s'agissait de zones piétonnes qui ont pu être mises en place par le passé. Mais cette année, il a fallu composer entre l'urgence attentat, la situation sanitaire, et la volonté de faire venir du monde dans les commerces. Ce périmètre a été élaboré en lien avec la préfecture et la police. Ces dispositifs demandent beaucoup de moyens, que la Ville a mis à disposition. Il a été question de ne pas neutraliser trop de parkings ni de trop détourner les bus."
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