Albert Grudet est une figure de Sainte-Gemmes-le-Robert. Cet homme au visage bienveillant et très expressif est aussi l’une des mémoires vives de la commune. Président des anciens combattants, il partage avec qui ce sujet intéresse ses connaissances et souvenirs. Dans le bureau de son ancien garage de mécanique agricole, deux armoires métalliques renferment classeurs, revues, photos et objets divers.
Les souvenirs d’une vie jalonnée de dates historiques. Son père est né en 1914. Lui le 17 décembre 1939.
"Tu l’appelleras Albert, au cas où je ne reviendrais pas ", avait-il dit. Il n’était pas question d’avoir un second enfant. Pas question d’en faire de la chair à canon, avait-il répondu, pensant à son grand-père Louis parti sur le front de 14-18 à l’âge de 36 ans.
« Pourtant il aurait pu regretter de ne pas avoir eu d’autres enfants », ajoute Albert Grudet, un voile dans la voix. En effet, dans la nuit du 20 au 21 février 1961, l’appelé, maréchal des logis du 2e escadron des spahis, échappe de peu à la mort lors d’un bazookage des fellagas à la frontière algéro-tunisienne. Durant cet épisode douloureux, le conducteur du char EBR Panhard perdra deux de ses trois compagnons de route.
Devoir de mémoire
À l’aide d’une miniature du char extraite d’une étagère, l’homme retrace les faits avec précision. Des faits qui comme d’autres sont consignés par écrit dans un cahier que notre narrateur sort de l’une des deux armoires métalliques de son bureau. « Tout est écrit là-dedans. J’ai commencé à écrire après l’Algérie sur des brouillons et, un beau jour, j’ai mis cela au propre. C’est mon vécu. Il y a des souvenirs pénibles mais aussi du bon. Il y aura une suite. »
L’ancien appelé poursuit son devoir de mémoire. En 1974, il rejoint l’amicale des anciens d’AFN dont il est devenu le président en 1997.
Il obtiendra également la croix du combattant pour les anciens prisonniers de guerre de 39-45 qui avaient été exclus de la section pour des histoires politiques. La commune lui doit aussi l’instauration de la commémoration du 5 décembre.
Des expositions en 2014, 2017 et 2019
Plus récemment, il a témoigné dans l’ouvrage de l’Onac Souvenirs de la guerre d’Algérie, dans le cahier spécial de l’Oribus sur les appelés mayennais.
Avec Monique Ménager, il a réalisé en 2014 une belle exposition sur les 86 poilus de la commune, suivie en 2017 de celle sur les 70 croix recensées aux quatre coins du bourg, et d’une autre sur l’eau avec Gérard Madiot, en 2019. « On a commencé un recensement des niches de statues religieuses. »
Comme un clin d’œil cruel de l’histoire, le 21 février 2018, soit 57 ans plus tard, deux soldats du 1er escadron des spahis trouvaient la mort au Mali dans une opération de surveillance.
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