Il a marqué l’histoire de son sport. Celle de la Mayenne aussi en étant le sportif le plus titré. François Pervis (36 ans) tire sa révérence après vingt années de sacrifices, d’échecs, de rebondissements mais surtout d’une grande carrière où il aura été sept fois champion du monde. Il détient également de multiples records mondiaux.
Si vous deviez décrire votre carrière en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?
(Il réfléchit…) « Résilience ». Ça c’est clair et net. J’ai eu de grosses déconvenues. Ça n’a pas été un long fleuve tranquille parce qu’il y a eu des chutes, des doutes et un manque de confiance. « Fierté ». J’ai mis douze ans avant d’être champion du monde la première fois. Derrière, j’ai enchaîné, je n’ai jamais rien lâché. « Historique ». Quand on regarde, j’ai écrit pas mal de fois l’histoire de mon sport. D’abord avec mes deux records du monde en 24h. Puis avec mon triplé historique en 2014. Je me dis que les grandes légendes de mon sport ne l’ont pas fait.
Vous êtes le sportif mayennais le plus titré, c’est aussi un motif de fierté ?
Je suis fils d’agriculteur, j’ai grandi dans un petit village. J’ai arpenté tout le Sud-Mayenne à vélo. C’est mon petit département où il fait bon vivre. C’est une fierté d’avoir gagné la toute première médaille olympique puis paralympique du département.
Il y a 20 ans, vous vous voyiez où ?
Mon objectif aurait été d’être champion olympique du kilomètre. Malheureusement il a disparu des Jeux. Alors ça aurait été d’être champion du monde de vitesse, de keirin, du kilomètre. J’avais la chance d’être un sprinter long, donc je pouvais prétendre à gagner le keirin et le kilomètre.
Et dans 20 ans ?
On va dire un truc cool. Profiter de la vie. Avoir ma petite entreprise de bambous qui fonctionne bien et pourquoi pas une start-up qui aura bien démarré. J’aimerais ne pas avoir la sensation de travailler, tout en gagnant ma vie. Et avec le minimum de contraintes, évidemment, contrairement au vélo.
Durant votre carrière, vous aviez cette sensation de travailler ? Vous preniez du plaisir ?
Notre sport, c’est bâtard (sic) parce qu’on s’entraîne deux fois par jour six jours sur sept. Je n’avais pas l’impression de travailler parce que je faisais du sport. Mais à haute dose comme ça, tu es toujours à 200 % quand tu fais du sprint. Dans la tête, tu es usé en plus de l’être physiquement. C’était super dur de se mettre la race (sic) tous les jours. Surtout à la fin.
https://twitter.com/FrancoisPervis/status/1431650387468029952?s=20
Qu’est-ce qui vous a fait tenir jusqu’en 2021 ?
Les Jeux paralympiques, le fait que je ne sois pas tout seul, avec Raphaël (Beaugillet). Pour la première fois, j’ai accepté la proposition de l’entraîneur que j’avais trouvé à Raphaël pour être raccord sur le tandem. Finalement, j’avais toujours quelqu’un avec qui partager mon travail au quotidien. Je travaillais pour moi et Raphaël mais aussi pour valider les choses auprès de l’entraîneur. Ça m’a beaucoup aidé.
Que retenez-vous de cette dernière expérience paralympique ?
C’était une aventure incroyable. Je suis super content de l’avoir vécue. C’était un vrai défi même si c’était compliqué, comme Raphaël venait du milieu amateur. Au départ il se mettait des barrières, on s’arrachait les cheveux. C’était excitant de le faire progresser. On avait tout à construire, le tout pour aller chercher une médaille paralympique, c’est incroyable.
Ça vous plairait de poursuivre dans le coaching ?
Pas être entraîneur, car ça demanderait trop de temps, mais être proche des coureurs. J’aimerais pouvoir les dynamiser en leur apprenant les ficelles du métier. Que les coureurs soient galvanisés avant une compétition, qu’ils aient le regard du tueur, l’envie de gagner.
https://twitter.com/FrancoisPervis/status/1437838380226826253?s=20
Vous avez récemment reçu la Légion d’honneur, qu’est-ce que cela représente ?
Je l’avais refusée en 2014. Pour moi, la Légion, c’est quand on fait un acte de bravoure, d’héroïsme, ou pour un fait de guerre en partant au front. On m’a dit que la Légion était pour ceux qui ont fait rayonner la France à l’étranger, qui ont fait résonner la Marseillaise. Alors j’ai accepté. C’est la plus belle des reconnaissances de l’État.
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