La femme qui s’avance à la barre du tribunal, ce jeudi 24 février 2022 à Laval (Mayenne), n’a pas le profil habituel. Elle est âgée de 68 ans et comparait pour des faits qui se sont déroulés en 2013 à La Selle-Craonnaise. Elle est poursuivie pour dénonciations calomnieuses à l’encontre de ses voisins, un couple dans les mêmes âges et dont la femme, handicapée, est d’origine Mauricienne.
"Jalousie" est le mot-clé de ce procès ; c’est celui qu’a employé l’expert ayant examiné la prévenue et c’est ce qualificatif qui revient sans cesse dans les questions de la présidente du tribunal.
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Le petit-fils maltraité ?
Il faut dire que la sexagénaire ne semble pas avoir d’autres occupations que de s’inquiéter des allées et venues qui ponctuent la vie de ses voisins : il y a un vieux monsieur qui fut le premier compagnon de la victime et qui est en phase terminale d’un cancer ; il y a la fille Mauricienne et le petit-fils de la femme.
Mais comment se comporte cette famille ? La prévenue subodore des agissements anormaux, voire frauduleux, qui méritent être dénoncés : les voisins ne tirent-ils pas parti financièrement de la faiblesse de leur pensionnaire en fin de vie ? La fille de Madame n’est-elle pas là en situation illégale en France et ne profite-t-elle pas d’avantages sociaux qui ne lui reviennent pas ?
Le petit-fils n’est-il pas maltraité et victime de coups portés par sa grand-mère, ou bien condamné à coucher dehors sur un carton ?
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En colère
Tout cela met la prévenue " en colère " comme elle le répétera à maintes reprises, et cela d’autant plus qu’elle a des difficultés avec la CAF alors qu’elle est "honnête" et de surcroît malade… La vie est trop injuste et il lui faut dénoncer ces injustices. Alors elle va écrire, dénoncer au procureur de la République, à la CAF, à la préfecture et même à la ministre de la justice.
Toutes les enquêtes qu’elle a provoquées n’aboutissent à rien : la sœur et le fils du malade hébergé confirment qu’il n’y a pas de maltraitance et que ses hôtes ne le coupent en rien de ses relations familiales. Les services sociaux ne trouvent rien concernant le petit-fils. La fille de la victime doit malgré tout regagner son île, bien qu’il ne soit pas prouvé que son permis de séjour soit illégal.
La présidente lui demande quelles sont les sources de ses accusations. "Ce sont des ouï-dire, je ne vois pas l’intérêt de mentir", répond la prévenue, ajoutant que c’est sa voisine qui lui a avoué battre son petit-fils.
"On n’est plus en 40 !"
Les victimes appelées à témoigner expriment les souffrances qu’elles ont subies, et l’homme d’ajouter : "On n’est plus en 40 !" Maitre Traore, leur défenseur, déclare que le sentiment de colère ne peut être l’excuse pour des faits qui se sont déroulés pendant plusieurs mois. Il soupçonne aussi la femme de racisme : "Elle n’aime pas les étrangers qui profitent de la France."
Le tribunal va devoir trancher entre la peine de six mois de prison avec sursis demandée par le parquet et la relaxe plaidée par Maitre Guyot. La décision sera clémente : 1 500 euros d’amende avec sursis et la privation des droits civiques pendant trois ans.
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