"Aujourd'hui, c'est le premier jour où je réalise vraiment ce qu'il se passe." Ce mardi 8 mars 2022, Tonya Mitrakhova, 20 ans, tente de souffler dans ce gîte, au milieu du Bocage mayennais. Elle s'y est installée, le mercredi précédent, avec plusieurs membres de sa famille.
Le 26 février 2022, au troisième jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ils étaient encore dans leur appartement du centre de Kyiv, la capitale. Trois jours à vivre au rythme des sirènes et des bombardements.
"Nous devions descendre dans les sous-sols plusieurs fois par jour, sans utiliser l'ascenseur." La famille de Tonya habite au 19e étage. "Finalement, nous avons décidé de rester dormir en bas."
Étudiante au conservatoire de Kyiv
En Ukraine, Tonya est - "ou j'étais, je ne sais plus très bien" - étudiante à l'académie nationale de musique Tchaïkovski, le prestigieux conservatoire de Kyiv. Elle pratique la guitare, le piano et étudie l'histoire musicale et culturelle. Elena, sa mère, est institutrice de primaire, et Alex, son frère, est au collège.
Au matin du 24 février, la surprise est totale pour cette famille.
À 2 600 kilomètres de là, Thomas et Ania, couple franco-ukrainien vivant à Fougerolles-du-Plessis, s'inquiètent pour leur famille et leurs amis d'Ukraine. Ils les contactent, leur font savoir qu'ils sont les bienvenus en Mayenne. Mais, dans un premier temps, pas question pour la famille de Tonya de quitter Kyiv.
Mais les bombardements continuent et la maison qui fait face à leur appartement est détruite. "Nous avons compris qu'il fallait partir." Avec Anna, une autre proche, et Sonia, sa fille de 12 ans, Tonya, Elena et Alex sautent dans un train d'évacuation gratuit, direction l'ouest du pays. Une fois à l'abri, ils recontactent Thomas et Ania.
La suite, c'est Hayley Gilks, une amie du couple, qui la raconte. Elle les a aidés à faire venir le groupe en Mayenne. "Grâce à l'application WhatsApp, ils ont réussi à trouver un volontaire pour les accueillir en Roumanie. Ania a trouvé un vol Bucarest-Paris et Thomas et mon mari sont allés les chercher à l'aéroport."
Quant à Hayley, elle active son réseau dans la communauté britannique pour leur trouver un hébergement.
À l'issue de ce périple de cinq jours, la famille souhaite se reposer. Mais l'inquiétude pour les proches restés en Ukraine n'est jamais loin. "Mon père et mon frère combattent pour la défense territoriale", précise Tonya. Lundi, elle a pu leur parler. "Ils vont bien. La plupart de mes amis ont quitté Kyiv", ajoute l'étudiante.
Se "rendre utile ici"
La jeune femme est surprise par l'élan de solidarité qu'elle constate : "On nous donne de la nourriture, de l'argent... C'est très émouvant."
Si la guerre doit durer, elle prévoit de se "rendre utile ici, en aidant d'autres réfugiés ou en donnant des leçons d'ukrainien, de russe ou d'anglais". "Je pourrai peut-être reprendre des études en France", ajoute-t-elle. Car si elle souhaite rentrer le plus vite possible en Ukraine, impossible de savoir à quoi ressemblera sa ville.
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