Actu : De quel constat êtes-vous partie pour votre livre sur les violences sexuelles sur les enfants et les adolescents ?
Martine Michel : Selon le Conseil de l’Europe, presque un enfant sur cinq a été victime de violences sexuelles avant ses 18 ans. Dans une enquête de l’institut de sondage Ipsos en 2020 pour l’association Face à l’inceste, un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste pendant son enfance et 32 % des Français disent connaître au moins une victime. Cela fait notamment écho au livre de Camille Kouchner, la Familia Grande.
De mon côté, en plus de mon histoire, c’est énorme le nombre de témoignages que j’ai pu avoir pendant mes recherches, notamment sur ce phénomène.
Un livre de prévention pour les victimes et les professionnels de l’enfance
Justement, quel rôle votre expérience personnelle a joué dans l’écriture de votre livre ?
M.M. :J’ai eu une vie tranquille jusqu’en 2013. En janvier de cette année-là, un matin, je me suis réveillée avec l’image d’un homme âgé, qui me pénétrait avec ses doigts. Les images sont remontées. Ça correspondait à l’âge de 6 ans, âge qu’avait mon fils à ce moment.
J’ai cru que j’étais devenue folle et je suis allée voir mon médecin. Il m’a posé des questions et m’a dit que je n’étais pas folle. Mon mari s’est aussi suicidé pour les mêmes raisons, il y a 25 ans. J’ai somatisé pendant des années. Je veux faire bénéficier de mon expérience les victimes et leurs proches.
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Aujourd’hui, beaucoup de victimes de violences sexuelles, surtout d’incestes, font des tentatives de suicides et les réussissent. Une étude a été faite à l’hôpital de Sens (Yonne) : sur 100 personnes qui font des tentatives de suicides, 50 sont liées à des problèmes d’incestes ou des problèmes sexuels dans la petite enfance.
Vous vous êtes également appuyée sur des recherches scientifiques ?
M.M. : C’est la base du livre. J’ai passé un diplôme universitaire de victimologie à Paris et pendant deux ans et demi de travail, j’ai consulté de nombreux ouvrages.
Quand avez-vous décidé de tout coucher sur le papier ?
M.M. :Il faut savoir que je suis une grande méditante et c’est ce qui m’a sauvée de l’hôpital psychiatrique. Pendant une méditation, en 2019, quelques semaines après une intervention pour un kyste, j’ai vu apparaître un plan de livre. Ça peut vous paraître bizarre, mais j’ai su que je devais alors faire ce livre. Ça m’a aidée à ne pas faire de dépression nerveuse.
Combien de témoignages avez-vous recueillis pour votre ouvrage ?
M.M. : Dans la totalité, j’ai récolté le témoignage de 62 victimes et celui d’une trentaine de professionnels. J’ai profité des hasards des rencontres. J’ai rencontré des professionnels de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) mais aussi tous les représentants en relation avec cette problématique comme des médecins, un procureur, des policiers, un psychiatre…
Peut-on justement parler d’un livre de témoignages ?
M.M. : Non, pas vraiment. Il faut plutôt voir ça comme un “livre outil” pour les professionnels en relation avec l’enfance et les citoyens. Quand je suis allée parler à des professionnels de mon livre, certains m’ont dit "enfin".
Je veux donner les clefs pour détecter et alerter sur les violences sexuelles sur mineurs. C’est aussi un livre de prévention dans lequel je conseille d’autres ouvrages, notamment des livres pour les enfants.
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