Dans la salle de consultation de la psychopraticienne Sandra Grimaud à Laval, Timothée Moreau sourit comme si de rien n'était. À observer ce jeune homme, seulement âgé de 20 ans, rien ne laisse imaginer le traumatisme qu'il a pu vivre.
Pendant sa scolarité
Durant sa scolarité, le jeune homme a été harcelé par certains de ses camarades. En 2020, selon un rapport parlementaire, 700 000 enfants étaient victimes de harcèlement scolaire en France.
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Pour Timothée, il faut remonter à l'école primaire. "En CE1, un élève avec qui je travaillais régulièrement a commencé à faire beaucoup de moqueries, tout le temps où nous étions ensemble, retrace le jeune homme. Puis ça s'est déplacé vers les autres élèves de la classe. C'était dans une petite école."
Le harcèlement se poursuit jusqu'en CM2.
Des brimades à l'école
Durant ces années, Timothée ne parle jamais de ces problèmes. "C'est souvent le cas pour les jeunes enfants", confirme Sandra Grimaud.
Il poursuit alors sa scolarité sous les brimades. "On peut penser qu'à cet âge-là ce sont des jeux, alors que non, ce sont bien plus que des jeux, analyse simplement Timothée. Mais c'est très difficile de faire la différence parfois."
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"C'est lui qui a mis le feu aux poudres"
Le harcèlement dont est victime le jeune garçon va se poursuivre les années suivantes, au collège. Là encore, tout part d'un seul élève qui venait de la même école primaire que lui. "C'est lui qui a mis le feu aux poudres", lance-t-il. Et là encore, le reste de la classe suit. À cette époque, rien n'est fait pour empêcher le calvaire de Timothée. "Dans l'établissement, on fait le minimum. Pourtant, je fais clairement comprendre que cela ne se passe pas bien."
L'élève fait face à un mur et ne peut se confier. Ses notes chutent. "C'est un des premiers signes de harcèlement", précise Sandra Grimaud.
Les soucis se déplacent au domicile. "Je suis devenu plus agressif avec mes parents. Je claquais les portes. Je me suis renfermé, mais ce n'était pas contre eux que j'étais en colère." Sa mère intervient et lui permet alors d'arrêter le collège. "C'était la meilleure solution pour moi." L'année d'après, Timothée refait une quatrième dans un autre établissement. "Je voulais terminer ma scolarité. Ça s'est mieux passé, mais je m'étais blindé. Je ne voulais rien construire." Il suit ensuite des études en CFA en réparation de carrosserie. "Petit à petit, ça allait mieux."
" La seconde c'est le suicide"
"La seule solution, qui nous semble bonne au début, c'est de ne rien dire. La seconde, c'est le suicide." Et c'est l'option vers laquelle s'est tourné Timothée Moreau, plusieurs années après sa scolarité.
En septembre 2020, il passe à l'acte.
Puis viens la seconde tentative en novembre de la même année. "À cette époque, quand je voyais une bande de jeunes, je changeais de trottoir. Pour moi, c'était normal." L'entourage de Timothée prend conscience de la charge mentale. "Pour moi, il fallait accélérer les choses pour la prise en charge. Je suis allé consulter dans le privé."
Une intervention devant un public
Dans un élan, il parle de ses harceleurs. "Je n'aurais pas grand-chose à leur dire, je pense. Mais je leur laisserais une seconde chance de prendre conscience de ce qu'ils ont fait. Je me dis qu'à 14 ans et à 20 ans, on n'est plus la même personne."
Aujourd'hui, Timothée Moreau remonte doucement la pente. Le 15 mars dernier, lors d'une séance publique au Cinéville à Laval, il est intervenu pour parler de son expérience. "Ça n'était pas prévu et j'ai été le premier surpris de réussir à en parler." Néanmoins, il n'est pas débarrassé de ses traumatismes. "Aujourd'hui, je ne fais plus confiance aux autres. C'est très difficile de lier une amitié."
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