De la campagne lasséenne aux avant-premières des cinémas parisiens. Ce mercredi 27 avril 2022, dans 80 salles du pays, est sorti Sentinelle Sud, le premier long-métrage de Mathieu Gérault, réalisateur d'origine mayennaise.
Parmi ces salles figure le Vox, à Mayenne, pour la plus grande satisfaction du cinéaste. « Je suis très content de pouvoir faire cette sortie nationale à Mayenne », apprécie l'ancien élève du lycée Lavoisier, qui garde un lien privilégié avec son Nord-Mayenne natal. « J'y reviens régulièrement, je l'ai fait découvrir à ma femme et à mes enfants. »
Sentinelle sud est une fiction à la croisée des genres : film noir, chronique sociale, film « de frangins »... Au lendemain d'une opération clandestine qui a décimé son unité, le soldat Christian Lafayette (Niels Schneider) est de retour en France.
Alors qu'il essaie de reprendre une vie normale, il est bientôt mêlé à un trafic d'opium pour sauver ses deux frères d'armes survivants.
Mettre en scène des soldats dans leur difficile retour à la vie civile lui permet d'associer cette esthétique à son thème de prédilection : la fraternité.
Mathieu Gérault a mis un peu de lui dans tous ses personnages : Christian, surnommé "le paysan", c'est un clin d'œil à son enfance dans le bocage.
Mounir (Sofian Khammes) aurait pu être l'un des gamins qui peuplaient son nouvel environnement, « volubile, en proie à des problèmes d'intégration, il est surnommé "l'historien" parce qu'il cherche à comprendre la France, d'un point de vue politique ».
"Un thème peu traité en France"
Avec cette thématique, Sentinelle Sud s'inscrit dans un héritage : celui des films post-guerre du Vietnam du Nouvel Hollywood, comme Un après-midi de chien, de Sidney Lumet. « C'est un thème peu traité en France. J'ai voulu le faire en répondant aux enjeux du genre mais avec un regard intime propre au cinéma européen. »
Pour incarner ses deux personnages principaux, il se tourne vers deux acteurs que tout semble opposer.
Niels Schneider a été vu entre autres chez Xavier Dolan. « Plutôt romantique, il a dû prendre du poids et un aspect très terrien. Le jour du casting, il avait enfilé deux gros pulls en laine pour se donner un côté paysan », raconte Mathieu Gérault.
Quant à Sofian Khammes, le réalisateur l'a découvert dans Chouf, de Karim Dridi, puis dans Le monde est à toi, de Romain Gavras. Deux comédiens aux « méthodes très différentes » qui ont su satisfaire le « désir de duo » du réalisateur.
Pour écrire son scénario, Mathieu Gérault n'a pas rencontré de vétéran. « J'avais un désir de fiction. » Il a en revanche exploré la « périphérie » du sujet :
Ce premier long-métrage, Mathieu Gérault l'a porté pendant « sept ou huit ans ». Avant cela, il s'est nourri des films qu'il a découverts lors de ses études de sciences économiques, à Rennes, au début des années 90, puis de ses petits boulots à Paris. « J'ai été le premier de la famille à faire des études. J'ai découvert les arts à ce moment-là. »
Autodidacte, il réalise son premier court-métrage, Hautes herbes, en 2001, récompensé à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Sentinelle Sud lui vaut quant à lui le prix du public à Bergame et, à ses deux acteurs principaux, le prix d'interprétation masculine à Saint-Jean-de-Luz.
Un prochain film dans le bocage des années 80
Lundi 25 avril 2022, il présentait le film en avant-première dans un grand cinéma parisien. La situation « catastrophique » du marché ne l'effraie pas. « Le film ne m'appartient plus, maintenant. »
Mathieu Gérault pense déjà à son prochain projet, « encore au stade embryonnaire », mais déjà très personnel : « Je veux explorer le bocage des années 80-90. De préférence avec un personnage féminin, cette fois. » Avec un tournage dans le Nord-Mayenne ? Pas impossible : « On est toujours rattrapé par l'endroit d'où l'on vient. »
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