Daniel Fernandez, c’est un peu une star à Mayenne. L’année dernière, cet ancien professeur de gym au lycée Lavoisier a eu les honneurs des médias pour sa participation à des championnats internationaux d’athlétisme… à l’âge de 83 ans.
« Trois fois champion du monde de saut en hauteur », rappelle-t-il, accoudé à une table du bistrot du cinéma Le Vox. C’est là qu’il vient de vernir sa toute dernière exposition, dimanche 24 avril 2022.
Car non content d’être un vétéran du sport de haut niveau, Daniel Fernandez est aussi un photographe de talent.
Son premier appareil ? Un Lubitel, boîtier de fabrication soviétique, plutôt rudimentaire. « C’était une boîte avec un cul de bouteille, sourit l’artiste. Avec ça, il fallait tout calculer. Mais ça ne coûtait rien. »
Il en aura d’autres, mais ne changera jamais de technique : toujours en noir et blanc, toujours en argentique. « On ne peut pas tricher. »
« Autodidacte complet », il progresse en photographiant les gamins de Mayenne, ceux qui traînent dans les rues, dans les terrains vagues, qui n’ont pas grand-chose pour s’amuser.
Une évidence pour ce fils de réfugiés espagnols, qui a connu « une situation comparable. J’ai toujours été attiré par les gamins qui sont dans des situations difficiles. Pour ouvrir les yeux des gens. »
Ses modèles : les maîtres Cartier-Bresson, Douasneau, mais aussi le photographe franco-tchèque Josef Koudelka.
Sur les routes de Galice
Au fil de sa carrière, Daniel Fernandez a perfectionné son œil et sa technique sur les routes de Galice, région du Nord-Ouest de l’Espagne, sur les traces de sa famille. De ces clichés pris dans les pauvres villages de montagne, il fera un livre, Por Lusitania. Il connaît personnellement presque tous les visages qui en peuplent les pages.
Daniel Fernandez a exposé en France, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, il a participé à des festivals : Arles, Perpignan, Blois… « J’en ai fait 200. » Cette nouvelle expo, visible jusqu’au 26 mai 2022, regroupe plusieurs extraits d’anciennes séries.
On peut y admirer les regards pénétrés des sœurs de l’Abbaye de la Coudre, à Laval, à laquelle le photographe, lui-même athée, a pu avoir un accès privilégié pendant deux ans.
On y voit aussi des gamins jouer dans la rue, à Mayenne, des Tziganes, des paysans espagnols des années 80 ou encore le paysage désolé d’une décharge à ciel ouvert, témoin d’une époque où Mayenne ne retraitait pas ses déchets. « J’avais déjà l’impression qu’on était en train de foutre en l’air la nature. »
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