“Le Château”, bâtisse style Art déco située sur la bien nommée place du château et dominant la Varenne, n’a pas toujours abrité la mairie d’Ambrières-les-Vallées.
Le bâtiment et la place doivent leur nom à de nobles origines : "Au Moyen-Âge s’élevait ici un château édifié par Guillaume le Conquérant", raconte le maire Guy Ménard, actuel occupant des lieux.
Il préface un ouvrage1 édité par la Société d’histoire et d’archéologie de la Mayenne (SAHM), qui revient en détail sur l’histoire des lieux.
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L’édification de cette ancienne forteresse, "une motte de terre renforcée de fossés et de palissades" dans un premier temps, puis "un donjon de pierres dont il subsiste un mur", décrit le livre, intervient vers 1055.
Le contexte ? La rivalité entre le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, et ses adversaires, le roi de France, le comte d’Anjou et le baron de Mayenne.
Elle subit même un siège mais Guillaume le Conquérant reste maître du terrain et Ambrières demeure longtemps normande.
Sur cette place, dans les dépendances du château, existait également une prison, au moins jusqu’en 1671, comme en attestent des documents de l’époque. "Elle faisait peut-être partie des vestiges du château", précise la SAHM dans son livre.
Le bâtiment actuel, construit sur ces vestiges, est une ancienne maison bourgeoise dessinée par l’architecte sarthois Joseph Durant pour l’ingénieur Jean Sillard.
La construction débute en 1914 mais ne s’achève qu’en 1923, à cause de la Première Guerre mondiale. L’architecture et le décor en mosaïque sont fortement influencés par le style Art déco, typique de l’époque.
"Jean Sillard a habité cette demeure jusqu’à son décès en 1944", relate la SAHM. La maison est ensuite mise en vente par son fils avant d’être préemptée par le conseil municipal en 1946, pour y installer les services publics.
"Même le plus crétin en avait entendu parler"
Cette décision donne lieu à une affaire qui fait couler beaucoup d’encre et marque durablement la petite ville d’Ambrières.
"La rumeur était tellement étendue, que même le plus crétin de la commune en avait entendu parler", se souvient encore Albert Blin, un voisin de la mairie âgé d’une quinzaine d’années à l’époque.
Pourtant, lui vivait à la campagne, dans une ferme.
La raison de ce grabuge ?
L’opposition entre le maire d’alors, Yves Branchereau, qui voulait installer la mairie au “château”, et le minotier Férard, qui, lui, voulait l’acheter afin d’y reconstruire son moulin, "qui tournait bien" mais avait été détruit pendant les bombardements de 1944.
"Ambrières n’était pas belle à voir, se souvient Albert Blin. Le pont, l’église et de nombreuses maisons étaient détruits."
La féroce bataille juridique qui s’engage alors est relatée jusque dans des journaux satiriques parisiens, comme le raconte l’ancien maire Victor Jousset dans un livre2.
"Cette affaire divisa les familles amies et créa un climat de méfiance", ajoute-t-il.
La municipalité en sort gagnante en 1948. Depuis, cinq maires se sont succédé dans ces locaux
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