Sac sur le dos et ballon de foot sous le bras, Nino, 15 ans, traverse d’un pas tranquille l’un des immenses trous béants formés par la destruction d’anciennes tours d’habitation. Nous sommes en plein cœur de Brossolette, quartier niché dans les hauteurs de Mayenne, et dans lequel est entrepris depuis plusieurs mois un vaste chantier de rénovation piloté par le bailleur social Mayenne Habitat.
"C’était vraiment pénible à vivre"
L’adolescent, tout juste sorti d’un match avec ses "copains du quartier", voit d’un bon œil les profonds changements qui s’opèrent autour de lui. Le bâtiment dans lequel lui et sa mère vivent depuis février a notamment bénéficié d’un rafraîchissement à l’extérieur comme à l’intérieur : " Les plafonds sont un peu vieillots mais ça a été rénové, il n’y a pas de moisissures, pas de fissures, rien de tout ça. "
Un confort que n’ont malheureusement pas connu les anciens locataires de Brossolette, installés bien avant le lancement des travaux. Laurence (*) en sait quelque chose, pour avoir vécu près de quinze ans dans l’un des cinq bâtiments aujourd’hui rayés de la carte :
"Il y a eu une vraie cassure"
Transformer drastiquement le quartier semblait donc être une évidence pour cette retraitée. Elle regrette toutefois que Mayenne Habitat n’ait pas réagi plus tôt : "Tant mieux pour les personnes qui vont venir habiter ici dans le futur car elles auront des logements corrects. Moi, je n’ai pas eu cette chance."
Bien qu’installée à Bras depuis 2015, Laurence continue de venir à Brossolette, et plus précisément dans la Maison des familles, en tant qu’adhérente de l’association Les Possibles. Elle y retrouve notamment Camille et Noémie, animatrices de la structure chargée de dynamiser la vie de quartier par l’intermédiaire d’initiatives portées par des habitants.
"Sauf que cette maison ne vit pas comme on voudrait", soupirent-elles à l’unisson. Car depuis le lancement du chantier, les locaux se sont comme volatilisés de la vie de quartier.
"ça ne prend pas"
Malgré leurs efforts et les animations mises en place, notamment en cette période de vacances, "ça ne prend pas". Camille témoigne : "J’ai déposé des flyers dans toutes les boîtes aux lettres, posé des affiches dans le quartier, mais rien n’y fait… L’après-midi, ici, la porte est ouverte, les jeunes jouent juste à côté sur le city-stade, mais pas un seul ne vient, ne serait-ce que pour boire un verre d’eau !"
Le constat est d’autant plus alarmant que par le passé, comme le rapporte Laurence et d’autres anciens habitants, le quartier vivait énormément, et la maison des familles en était le cœur battant.
"Il y a eu une vraie cassure, il faut maintenant repartir de zéro, admet Noémie. On ne désespère pas malgré tout même si ça va prendre du temps."
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