Trois mois plus tôt, le dimanche 5 juin 2022, la rue Corbeau-Paris, à Gorron (Mayenne), était pleine de badauds venus célébrer le jubilé de platine - les 70 ans de règne - d'Élisabeth II, au cours d'une street-party organisée par Stéphanie Lochin, gérante anglaise du salon de thé Une tasse de bonheur.
Ce vendredi 9 septembre 2022, dans la boutique, l'heure n'est plus à la fête. "J'ai un peu pleuré quand j'ai appris la nouvelle", confie Stéphanie, qui, comme beaucoup des nombreux Britanniques installés dans le Bocage mayennais, peine à réaliser que la reine n'est plus.
"Ce sont surtout les français qui m'en parlent. Ils ont l'air plus triste que nous", assure-t-elle.
Daniela Weiss aussi a pleuré, "tout de suite". Attablée dans le salon de thé de Stéphanie, cette Autrichienne d'origine, qui a vécu vingt-cinq ans en Angleterre, se sent "britannique".
Un plus loin, à l'épicerie Manges-Tu, également tenue par des Britanniques, on peine aussi à réaliser.
"C'est comme quand, dans une famille, des grands-parents qui ont une très forte personnalité meurent. Cela prend du temps aux plus jeunes de s'en rendre compte", décrit Amy Byrn-Evans.
De la reine, elle retiendra, entre bien d'autres choses, sa passion pour les chevaux, dont elle est elle-même férue. "Elle a rétabli des races qui étaient sur le point de disparaître. C'était une très grande cavalière."
Clients et personnel du magasin, téléphone à la main, redécouvrent avec émotion les nombreuses photographies de la reine publiées depuis la veille par les médias du monde entier. Les yeux sont parfois humides.
"C'est un choc", pour Steven Blandford, qui se rend chaque année à la garden party de l'ambassade britannique pour célébrer l'anniversaire de la reine. "C'est la femme la plus respectée au monde", souligne Neil Todd, qui ne cache pas sa très grande admiration pour la défunte reine.
À quelques kilomètres, dans la commune de Couesmes-Vaucé, où plus d'un tiers des foyers appartiennent à des britanniques, les gorges sont serrées.
"C’est triste pour sa famille et aussi pour le pays. C'est la fin d'une histoire. Elle était une part de ma vie", soupire Helen Simons, une habitante qui précise tout de même : "Je suis très contente de vivre dans une république."
Sandra et John Howard, qui résident en France depuis 2004, se disent quant à eux "dévastés".
Avec Charles III, "c'est un autre jour qui commence"
À Saint-Loup-du-Gast, la mort de la reine fait remonter des souvenirs.
"Je l’ai vue deux fois, se souvient Collin Ashby, professeur de français à la retraite : Quand j’avais 13 ans, elle était venue pour rencontrer les gens. La seconde fois, c’était en 1977, j’ étais associé à l’armée de l’air et il y avait un événement où elle était présente. À chaque fois, elle m'a impressionné."
Ian Hackshall, 58 ans, n'a, comme les autres, connu que cette reine.
D'un côté comme de l'autre de la Manche, les britanniques entament une nouvelle page de leur histoire. "Pour moi, c'est un autre jour qui commence. Il y aura un roi. C’est le commencement d’une histoire neuve", affirme Helen Simons.
Mais tous ne voient pas d'un très bon œil l'accession au trône du désormais roi Charles III. Pour certains, son fils William aurait été plus à la hauteur.
"Charles est un peu trop 'vocal', il manque de diplomatie, regrette Neil Todd. Mais laissons lui une chance. Soixante-dix ans de règne, c'est très long..."
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