Philippe Aubry vit à Moulay depuis quatre ans. Comme d’autres habitants, il était loin de se douter que le talus de terre - « la butte » - qui traverse la commune, abrite les vestiges d’une antique muraille.
« Je ne savais pas du tout qu’il y avait un oppidum ici. »
« À l’époque gauloise, c’était une vraie place forte. Alors qu’on est à Moulay sports », semble encore s’étonner Mathias Courtet, directeur artistique du centre d’art contemporain du Kiosque, à Mayenne.
Le stade municipal de Moulay, au pied de l’ancienne capitale des Aulerques Diablintes, accueille un projet qui lui tenait à cœur : inviter des designers à mettre en valeur ce patrimoine et ce paysage.
À partir de ce vendredi 16 septembre 2022, cette dernière accueillera une œuvre-passerelle entre cette époque éloignée de deux millénaires et le présent, réalisée par les deux artistes en résidence : Ulysse Bouet et Nathan Bonnaudet, venus de Paris et de la Drôme.
Elle doit représenter à la fois l’héritage gaulois et l’aspect actuel de Moulay, « une commune essentiellement pavillonnaire », constate Nathan Bonnaudet, qui a découvert la ville en rencontrant ses habitants.
Les deux artistes ont également pu discuter avec des archéologues du musée du Jublains, pour se documenter sur l’architecture et le contexte historique de l’oppidum, avant de plancher sur le projet.
Depuis le 6 septembre 2022, la buvette du stade s’est transformée en atelier de menuiserie. Les deux designers y sculptent cinq poutres de bois, en compagnie d’habitants de Moulay : le chantier est participatif.
Le tout sans aucun outil moderne : tout se fait à coups de marteau, de burin, de ciseaux à bois, de hache et de plane. « Nous nous inspirons de l’archéologie expérimentale », explique Nathan Bonnaudet.
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L’œuvre imaginée par le duo d’artistes est une porte. Un objet choisi pour son importance symbolique : au temps de l’oppidum, « on déménageait beaucoup. Les portes étaient donc mobiles et très ouvragées », retrace Nathan Bonnaudet. Une importance qui a traversé les âges.
Cette porte là sera, haute de 4 m, en bois de pin Sherman, disponible localement et assez tendre pour être sculpté facilement. L’aspect contemporain sera apporté par la toiture en ardoises et les formes sculptées, qui rappelleront des éléments du paysage actuel.
Des habitants "embarqués" dans le projet
À quelques jours de la fin du chantier, les travaux touchent à leur fin. Autour d’une des poutres, quelques Moulaisiens semblent apprécier leur travail. Ils sculptent des arches décoratives inspirées du viaduc local.
Parmi eux, Philippe Aubry qui, non content de ses nouvelles connaissances sur l’histoire locale, pratique également son passe-temps favori : la menuiserie. Il l’a apprise au collège.
Face à lui, Didier Quinton, un ancien du métier. « J’étais dans l’ameublement, c’était un peu plus minutieux. » Tous deux sont fiers de montrer leurs maillets fabriqués maison, lors de leurs années d’apprentissage.
Éric Robinet, adjoint au maire, s’est joint au chantier, séduit par l’idée de mettre en valeur le paysage local, mais aussi « d’embarquer les Moulaisiens ».
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