La forteresse de Jublains (Mayenne), vénérable monument dont la partie la plus ancienne date de l’an 200 après J.-C., est rongée par une microalgue : depuis quelques années, les murs du bâtiment noircissent à vue d’œil.
"On voit de moins en moins les pierres", constate Alice Arnault, cheffe du service des musées du département de la Mayenne. Un mal, dû à un excès d’humidité, qui nécessite un grand nettoyage.
Cela tombe bien, un grand projet de restauration de la forteresse antique est dans les cartons. Il devrait débuter fin 2022 ou début 2023, par une phase de nettoyage à l’eau surchauffée très basse pression.
Des tests ont déjà été effectués sur de petites sections de maçonnerie. Un diagnostic a été établi par la Conservation régionale des monuments historiques.
Ce grand nettoyage est un préalable à la restauration proprement dite de la forteresse. "Les maçonneries se dégradent", signale Alice Arnault.
Ces travaux seront réalisés par des entreprises habilitées à intervenir sur des monuments historiques et dirigés par un architecte du patrimoine.
Cette longue campagne de travaux – il faudra deux ans pour traiter l’emprise d’un hectare ceinte d’une muraille de plusieurs mètres de haut et d’épaisseur – est aussi l’occasion de nouvelles fouilles archéologiques.
Les archéologues qui s’en chargeront seront donc spécialisés dans le bâti, et non dans le sous-sol.
Leurs recherches pourraient permettre d’affiner la datation de cet édifice, dont on ne connaît pas la fonction avec certitude. "On sait qu’il n’a pas de lien particulier avec la ville antique de Jublains, dont il est hors de l’emprise. Il est plutôt lié directement à Rome", précise Alice Arnault.
Son système défensif développé au IIIe siècle – "une période très troublée" – suggère un rôle important : entrepôt de ravitaillement pour l’armée ? Collecte des impôts pour Rome ? En tout cas, "on n’a pas de quoi affirmer que les fortifications ont été achevées".
Si les fouilles des murs ne devraient pas nous en apprendre davantage sur les usages de ce bâtiment, elles pourraient permettre de déterminer finement ce qui relève de l’antique et ce qui est issu des différentes campagnes de restauration.
Ainsi que de mettre au jour des éléments décoratifs. "On en a déjà découvert certains, constitués de briques de terre cuite ou de pierres de calcaire blanc. Ces fouilles permettront peut-être d’en découvrir ailleurs."
La scénographie du musée sera revisitée
"Il y a encore un air de 1995 dans le musée de Jublains." Depuis l’année de son ouverture, le musée a été rénové une fois, au début des années 2000, "mais la scénographie n’a pas réellement évolué", précise Alice Arnault.
Le conseil départemental planche sur un projet de rénovation de l’exposition permanente.
Le parcours retracera toujours la période de l’âge de bronze jusqu’au haut Moyen Âge. Mais en intégrant de nouveaux objets mis au jour, notamment dans le cadre du chantier de fouilles programmées qui rouvre chaque été sur le site archéologique.
Les travaux permettront également d’ajouter une salle de 100 m2 entièrement dédiée aux expositions temporaires. Elle sera édifiée sur l’actuelle cour intérieure du musée.
Le chantier devrait débuter au printemps 2023 et s’étendre jusqu’en 2024. "C’est un calendrier prévisionnel", prévient Alice Arnault. Il ne devrait pas y avoir de fermeture totale au public, seulement des fermetures partielles.
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