Mayenne et son hôpital, c’est une très longue et riche histoire. Le premier établissement hospitalier y est attesté dès 1224, sous la forme de l’hôtel-Dieu du Saint-Esprit.
Au Moyen Âge, la vocation d’un hôtel-Dieu diffère de celle d’un hôpital moderne. "On y accueille les personnes en détresse, les mendiants, qui sont chassés des villes." Financé grâce aux dons des paroisses, l’hôtel-Dieu du Saint-Esprit, "réputé laïc", précise Bruno Lizée, est tenu par des moines.
Quelques siècles plus tard, en 1660, des religieuses fondent le couvent-hospice de la Madeleine, hôpital et orphelinat religieux, en haut du faubourg Saint-Martin. Il devient l’hôpital général de la ville en 1781, vingt ans après la fermeture du couvent.
Mais à la fin du XIXe, les grands travaux d’urbanisme qui transforment Mayenne ont raison de ces institutions. L’hôtel-Dieu est détruit au moment de la canalisation de la Mayenne, puis la Madeleine est dévorée par la construction de la voie ferrée Laval-Caen.
Un hôpital psychiatrique "pionnier"
L’hôpital se déplace alors sur le site de la Roche-Gandon.
L’hôpital général y est construit. Mais les deux établissements formeront des entités séparées.
L’hôpital psychiatrique de Mayenne est intimement lié à l’histoire de la ville.
Cette démarche a un nom : "l’hôpital village", qui se développe entre les années 50 et 70. Les patients y vont et viennent librement, bénéficient d’ateliers d’ergothérapie, y font du sport et déjeunent avec le personnel. "C’est l’un des rares endroits à avoir été aussi loin à l’époque."
Les pratiques de contention et d’enfermement y sont bannies et les anciennes cellules sordides sont même détruites. Les patients rencontrent les habitants de la ville au cours de kermesses très fréquentées. "L’établissement finit par péricliter dans les années 80 avec l’avènement de la psychiatrie en ville."
Un nouvel hôpital sur le site Roullois
En parallèle, un nouvel hôpital général se développe sur le site Roullois. Celui de La Roche-Gandon est en effet détruit lors du bombardement du 9 juin 1944, 110 personnes y trouvent la mort.
Un hôpital provisoire est installé dans des baraquements autour de la caserne. Il faudra attendre 1958 pour que le nouvel établissement soit édifié.
"En 1993, il est à l’étroit après l’assimilation de la chirurgie privée", raconte Bruno Lizée, qui a lui-même exercé comme médecin dans ces murs entre 1982 et 2015.
L’opportunité de l’agrandir intervient en 2000, avec le rattachement de la psychiatrie départementale aux trois hôpitaux de la Mayenne. L'"hôpital-village" est investi et le site de la Baudrairie sort de terre entre 2009 et 2013.
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"Mayenne est marquée par son histoire hospitalière, résume Bruno Lizée, car cette histoire est double. La psychiatrie l’a marquée par son rôle pionnier, son rayonnement intellectuel et ses liens avec la Ville. L’hôpital général aussi, car jusque dans les années 80, la plupart des médecins qui y exerçaient travaillaient aussi en ville. Les premiers spécialistes à temps plein sont arrivés en 1978. La population est toujours attachée à son hôpital, comme en témoignent les récentes mobilisations."
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