Dans le box de la salle d’audience du tribunal de Laval (Mayenne) mercredi 16 novembre 2022, trois jeunes d'origine guinéenne suspectés de participer à un trafic de résine de cannabis et de cocaïne en Mayenne et, pour deux d’entre eux, de blanchiment d’argent
Des "visites éclair" dans un appartement du quartier Brossolette à Mayenne
L’enquête débute en septembre 2021. Des habitants du quartier Brossolette à Mayenne informent leur bailleur social qu’ils ont retrouvé de la résine de cannabis devant l’appartement d’un voisin. Lequel reçoit aussi "des visites éclair".
Pendant leur surveillance, les gendarmes constatent que le jeune homme de 19 ans se rend régulièrement dans le parc du château de Mayenne et devant l’Agitato, deux spots de deals connus dans la ville. Dans ses conversations téléphoniques, il est souvent question de "joints", "shit" ou encore de "mangues", "qui s’avérera qualifier la cocaïne", indique le président du tribunal.
Il donne le nom de son fournisseur
Il est finalement interpellé à Bonchamp le 3 octobre 2022 en possession de cannabis. Il reconnaît vendre de la drogue et donne facilement le nom de son fournisseur, qui habite à Saint-Berthevin. Il dit se rendre chez lui une à deux fois par semaine pour récupérer la marchandise : une à trois plaquettes de 100 g de résine de cannabis et 5 à 6 boules de 1 g de cocaïne.
Le fournisseur en question est connu des services de gendarmerie pour avoir été interpellé en janvier 2022 pour enlèvement et séquestration. "Ce jour-là une saisie de cannabis et de cocaïne a été effectuée à son domicile pour un montant de 12 000 €", rappelle le président. À la barre, il se défend en expliquant servir simplement de "nourrice". Quant aux photos retrouvées sur son téléphone montrant de la poudre blanche sur une balance, il explique qu’il s’agit de Doliprane.
Blanchiment via un site de pari en ligne
Mais ce qui interpelle les enquêteurs, ce sont les importantes sommes qu’il joue sur un site de pari en ligne, 36 000 € en trois ans, soit la moitié de ses revenus. "Je suis simplement passionné par les paris", explique le prévenu.
Les gendarmes eux penchent pour un système bien rodé de blanchiment. Le premier prévenu achetait en liquide des coupons PCF et Paysafe, qu’il remettrait à son fournisseur, lequel s’en servirait pour jouer sur le site "et ainsi légaliser l’argent provenant du trafic", explique le président.
Le troisième prévenu "dépannait"
Le troisième prévenu, le seul à n’avoir jamais été condamné, comparait devant le tribunal pour avoir "dépanné sur sa consommation personnelle" selon ses mots, le vendeur.
"Il s’agit d’un trafic d’importance"
"Le nombre de protagonistes, la durée du trafic dans lequel des bandes rivales s’écharpent pour des bouts de territoire, la quantité écoulée me font dire qu’il s’agit d’un trafic d’importance, suffisamment bien organisé pour lui donner un vernis de légalité", insiste le procureur qui demande deux ans de prison pour le vendeur, 30 mois pour le fournisseur et douze mois, dont huit avec sursis, pour le "dépanneur".
"Dans le milieu de la drogue on ne donne pas le nom de son fournisseur"
L’avocate du revendeur lui insiste sur le fait que son client "n’a pas le profil d’un chef de réseau. C’est juste quelqu’un qui se fait de l’argent facile pour manger. Car comment travailler sans titre de séjour ?"
Le troisième prévenu partiellement relaxé
Des arguments qui ne convainquent pas le tribunal, qui suit les réquisitions du procureur pour les deux premiers prévenus et les condamne, pour le vendeur à 18 mois d’emprisonnement avec maintien en détention, révocation d’un sursis de quatre mois, et l’interdiction de paraître en Mayenne pendant cinq ans. Le fournisseur à 30 mois d’emprisonnement avec maintien en détention.
Seul le troisième homme sera relaxé pour les faits de trafic de cocaïne. Il est cependant condamné à cinq mois de prison assortis d’un sursis probatoire de deux ans pour trafic de cannabis, à une obligation de soin et de travail et à l’interdiction d’entrer en contact avec les deux autres protagonistes.
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