Le plan Grand Froid est activé par la préfecture de la Mayenne depuis la semaine dernière. En première ligne à Laval : le 115. Derrière : la maraude, et les hébergements d'urgence.
Passé 18h, le froid de ces jours-ci devient plus mordant. Il nous cingle les oreilles et le nez quand on sort. Il n'est pas humain de passer la nuit dehors.
En Mayenne, Revivre est missionnée par l'Etat pour organiser des hébergements pour les plus vulnérables et gérer le service du 115.
En période hivernale, le service est opérationnel sept jours sur sept 22 heures sur 24 (il est fermé entre 14h et 16h). Les sans-abri peuvent y demander secours. Les particuliers peuvent aussi prévenir lorsqu'ils remarquent une personne à la rue.
Sur la campagne 2021 en Mayenne, le 115 a géré 12 227 appels.
Le SIAO (Service intégré d'accueil et d'orientation) est basé rue de Paris. Anne est à l'écoute. Quelqu'un signale un sans-abris sous un porche. Dans le bureau d'à côté, on gère le parc des logements d'urgence.
Revivre dispose d'appartements d'urgence, qui hébergent en priorité des familles avec enfants. Les occupants peuvent y rester un mois. Le temps pour les services sociaux de faire un point santé, un bilan sur la situation administrative, ce qui peut permettre d'ouvrir des droits, et le point sur la scolarité des enfants.
Vingt lits supplémentaires
Au bout d'un mois, il faudra quitter le logement pour qu'il puisse bénéficier à une autre famille. C'est le cas de cette famille arménienne, avec trois enfants, qui a été hébergée dans plusieurs appartements, mais qui se retrouve en ce moment à la Halte de nuit.
La Halte de nuit compte 33 places. Le quatrième étage du bâtiment de la rue du Dépôt a été ouvert et confié à la Croix-Rouge qui y a installé vingt lits supplémentaires. Ce soir-là, cinq places sont encore disponibles.
Ils ne veulent pas se séparer de leur chien
Pendant ce temps, la maraude vient de débuter sa tournée. Elle est opérationnelle toute l'année. Sept jours sur sept en hiver (novembre à mars) de 19h à 21h. Elle est animée par deux professionnelles et huit bénévoles. Ce soir, c'est Marie et Olivier qui partent sur le terrain.
Leur mission : découvrir les sans-abris et les convaincre d'accepter un logement.
À lire aussi
Dans deux heures, la gare va fermer
La première étape est la gare. Parfois, plusieurs personnes s'agglutinent dès que la camionnette arrive. Ce soir, il n'y a personne. Marie et Olivier entrent dans le hall. C. est assis, emmitouflé dans un anorak, un chien recroquevillé à ses pieds. Il décline même un café chaud, mais n'est pas hostile. Il parle avec le sourire de sa chienne âgée de 4 ans et de ses projets à court terme. Dans deux heures, la gare va fermer. Les deux compagnons seront dans la rue.
Il n'y a personne à la gare des cars, la maraude file vers un parking couvert.
Squats ou entrées d'immeubles
"Il y a deux jours, une douzaine de personnes nous attendaient ici. Ce soir il n'y a personne, on ne maîtrise pas, on ne sais pas comment ça marche", s'interroge Olivier. "Beaucoup n'ont pas voulu se faire surprendre par le froid et se sont abrités de bonne heure, espère Marie. Sous les porches, dans les entrées d'immeubles ou dans les squats. On en connaît trois ou quatre à Laval, il doit y en avoir au moins le double".
Un tas de duvets
Dans un coin du parking, un tas de duvets et de sac en plastique a été installé. Maire convainc F. de venir à la camionnette. "Oui il y a la presse ce soir, mais tu n'es pas obligé de parler ni d'être photographié." A l'arrière du véhicule, Olivier propose un café, une soupe, un bout de pizza et quelques barres chocolatées. Et surtout la discussion s'engage, F. aura pu parler à quelqu'un ce soir. Ça réchauffe un peu le cœur. Car la nuit va être froide.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.