Costume noir, barbe bien taillée et lunettes fines, c'est un prévenu lambda qui se présente à la barre du tribunal de Laval (Mayenne) ce jeudi 12 janvier 2023. Il est poursuivi pour détention d'images pédopornographiques par voie de communication électronique. L'homme est tendu, et semble parfois en butte à de rudes luttes intérieures. La présidente conçoit qu'il est difficile d'avoir à répondre à de telles interrogations devant un tribunal et un public nombreux.
Le caractère insoutenable des photos
La magistrate va essayer de percer cette carapace et lui demande tout d'abord pourquoi il a nié jusqu'à ce jour des évidences apportées par les enquêteurs qui ont fouillé son ordinateur. Elle insiste sur le caractère insoutenable des photos capturées montrant des enfants de 5 ans, contraints d'avoir un sexe dans la bouche. La magistrate rappelle aussi qu'il n'existe aucun doute sur les propos téléphoniques du jeune homme qui ont été écoutés par les enquêteurs.
Il perd des amis et son travail
Le mis en cause avoue avoir nié sur les conseils de son avocat mais aujourd'hui, il reconnaît être "pleinement conscient" de la victimisation de ces jeunes enfants. Il essaye d'atténuer les choses en effaçant la différence entre pornographie et pédopornographie. Il confie avoir "perdu des amis" et par deux fois son travail, lui qui était clerc d'huissier après des études de Droit reprises sur le tard.
Le procureur constate avec soulagement que le mis en cause reconnaît enfin les faits : "Ce qui est un premier pas car ce n'était plus tenable... 182 photos et vidéos ont été retrouvées dans votre ordinateur." Le magistrat l'engage à faire la différence entre le virtuel et le réel.
"La reconnaissance des faits est en germe"
Maitre Ermeneux, du barreau de Rennes, assure la défense et commence par confesser que c'est bien lui qui a conseillé à son client de contester les faits car cela permet d'accéder plus facilement au dossier. Le plaideur se dit confiant pour l'avenir de son client : "Je prends acte que la reconnaissance des faits est en germe."
Le verdict est plus dur que les réquisitions du parquet : 30 mois de prison avec sursis probatoire de 24 mois, obligation de travail, de formation et de soins. Les magistrats ajoutent une interdiction de contact avec les mineurs pendant 10 ans et une inscription au Fijais (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes).
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