Deux hommes de 18 et 19 ans prennent place dans le box du tribunal judiciaire de Laval (Mayenne), vendredi 20 janvier 2023. Il leur est reproché d'avoir organisé un guet-apens et passé à tabac plusieurs jeunes d'un foyer à Mayenne, dans la nuit du 17 au 18 janvier 2023. Le procès va opposer deux versions totalement différentes, les deux prévenus s'estimant victimes dans l'histoire.
Gaz lacrymo
Le président du tribunal raconte ce qui ressort de l'enquête : "Les gendarmes sont appelés pour une rixe et trouvent sur place plusieurs jeunes blessés. Certains saignent." Ces victimes auraient passé la soirée chez l'un d'eux à jouer aux jeux vidéo et consommer de l'alcool, quand "quelqu'un frappe à la porte", poursuit-il, désignant l'un des deux prévenus. "Ils ouvrent et disent avoir reçu du gaz lacrymogène. Ils s'enfuient par la fenêtre où d'autres agresseurs, cagoulés et armés les attendent. Ils sont pris à partie : coups de poing, de pieds, de matraque, de couteau. Certains se réfugient chez un voisin, d'autres au sein du foyer." Le lendemain, quatre personnes sont interpellées : les deux hommes jugés ce jour, un autre qui sera finalement relâché, et un mineur.
"Il m'a donné un coup sur la tête"
Le désigné agresseur à la bombe lacrymogène donne une tout autre version : "J'avais rendez-vous sur place pour récupérer une plaquette de résine de cannabis. Le gars m'a dit de le suivre chez lui mais je ne lui faisais pas confiance. Il a sorti une matraque et m'a donné un coup sur la tête. Ça m'a mis en colère, je l'ai coursé, mes deux amis sont arrivés. J'ai utilisé ma bombe lacrymo j'avoue, et je lui ai donné un coup. Ce sont eux qui avaient des couteaux et des matraques." Le prévenu reconnaît aussi avoir volé une console de jeux dans l'appartement.
"Je me suis défendu"
Son acolyte, 19 ans, nie les faits : "On a entendu mon pote crier alors on y est allé. Ils étaient 7 ou 8, cagoulés, masqués, avec des capuches. Ils ont voulu me taper mais je me suis défendu."
Sur les sept victimes, plusieurs ne déposent pas plainte "par peur de représailles", développe le président. La substitut du procureur évoque "une attaque violente, qu'on pourrait qualifier d'expédition punitive". Elle poursuit : "On tente aujourd'hui de vous faire croire que les deux victimes sont dans le box. Ils se sont préparés pour ces violences, c'était prémédité."
"Ils disent la vérité car ils sont victimes ?"
Pour l'avocat du plus jeune prévenu, maître Robert, c'est une évidence : "Ce type de faits est une habitude au sein de ce foyer. Évidemment qu'ils ne portent pas plainte ! Car il y a sûrement deux kilos de stupéfiants au domicile ! Ils ne veulent pas que les gendarmes viennent ! Forcément nos clients mentent parce qu'ils sont auteurs ? Et forcément les autres disent la vérité car ils sont victimes ? Ils ont juste été plus intelligents sur ce coup." Maître Eyschen défend le second prévenu : "Il y a des contradictions chez les victimes, et finalement on ne sait pas qui a fait quoi. Il y a un flou total !"
Après une longue délibération, le tribunal condamne finalement chacun des prévenus à deux ans de prison dont un an avec sursis probatoire de deux ans (obligation de travailler, de se soigner, interdiction de contact avec les victimes et de se rendre au foyer). Le plus jeune écope en plus de quatre mois de révocation d'un sursis probatoire précédent.
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