Le prévenu est prostré, la tête rentrée dans les épaules à tel point que la présidente l’interpelle d’entrée : "Il faut vous détendre, cela n’est pas simple." Ce jeudi 2 février 2023 au tribunal de Laval (Mayenne), l’homme est accusé d’agression sexuelle incestueuse sur mineure de moins de 15 ans. Des faits qui se sont produits à Torcé-Viviers-en-Charnie. Lui sait qu'il n'est pas le père biologique de la jeune fille. Elle, le saura plus tard. Il dira : "Pour elle, je deviens un copain."
Pendant les auditions, la jeune victime rapporte les propos du prévenu : "Quand est-ce que tu me fais l’amour ?", et d’autres propositions plus salaces. Ils se retrouvent dans le même lit et l’homme a des attouchements réguliers sur l’adolescente.
Il s'efface quand elle a un copain
Pendant son dialogue avec un psychologue, la jeune fille apparaît fermée et fragile, ne collabore pas sauf si l’on s’intéresse à elle et à sa passion pour le cheval.
Le mis en cause, qui nie les faits pendant sa garde à vue, finit par les reconnaître. Il dit qu’elle était demandeuse : "Elle voulait que je sois son mec et son père en même temps." Il s’efface dès que la jeune fille a un copain et s’inquiète beaucoup lorsqu’il retrouve une vidéo dénudée qu’elle a envoyée à un prédateur.
La présidente le responsabilise : "L’adulte, il est où ? On est plutôt dans votre initiative." Un peu plus tard, la magistrate lui demande si la jeune victime n’a pas pris la place de sa femme et lui rappelle qu’il l’a aussi menacée d’être "placée" si elle allait raconter les faits à la gendarmerie. Elle lui demande enfin : "Vous imaginez que votre mère ait eu la même relation avec vous ?"
"Elle s'est renfermée sur elle-même"
Le beau-père fait preuve de sentiments de honte, de regret et de souffrance devant le psychologue qui l’a interrogé. Il reconnait qu’il est le seul coupable.
Maître Gouedo défend les intérêts de la victime en affirmant que ces évènements ont été un engrenage destructeur dans sa vie et que "la jeune femme s’est renfermée sur elle-même et les chevaux". Sa cliente souhaite qu’il n’y ait pas d’impunité. Le procureur relève l’intentionnalité des faits ainsi que les conséquences sur la victime.
Bracelet électronique
Il revient à maître Dirickx de tenter de convaincre les magistrats du siège de ne pas envoyer son client derrière les barreaux. L’avocat met en avant le cheminement accompli par le beau-père qui reconnait désormais l’intégralité de sa responsabilité.
Les magistrats prononcent une peine de trois ans de prison dont deux avec sursis probatoire pendant 24 mois. La partie ferme de la peine sera aménagée par une détention à domicile avec bracelet électronique. Des obligations de soin, de travail, une interdiction de rentrer en contact avec la victime et une inscription au Fijais complètent ces peines.
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