Avant de partir au Maroc où il a été sélectionné pour la Coupe du monde des clubs (du 1er au 11 février), Jérôme Brisard est revenu sur son expérience en tant qu’arbitre-assistant vidéo lors de la Coupe du monde au Qatar.
Quelle image souhaitez-vous garder de la Coupe du monde ?
L’image d’une grande aventure avec plusieurs facettes. La facette sportive a été réussie de notre côté. J’ai fait cinq matchs à la VAR, aboutis, avec des retours positifs. L’autre facette est le côté humain. On resserre des liens, on apprend à mieux se connaître et on vit l’aventure pleinement en étant soudé avec l’équipe de France des arbitres. Il y a aussi la facette extra-sportive avec ce qu’est la Coupe du monde : la chance d’aller voir des matchs.
Sur place, comment était l’organisation ?
En tant qu’arbitre, c’était juste incroyable. Les conditions hôtelières étaient magnifiques. La FIFA a mis beaucoup de moyens pour la partie sportive. Il faut savoir que pour chaque entraînement, on était en conditions réelles. La FIFA employait des joueurs tous les jours avec des matchs parfois scénarisés, pour voir comment allaient réagir les arbitres. Il y avait un centre d’entraînement avec la VAR et huit caméras (contre 42 en matchs). On a retranscrit des situations réelles de matchs.
La qualification de l’équipe de France en 1/2 finale a marqué la fin de votre compétition, préfériez-vous que la France soit éliminée ?
Franchement, c’est difficile d’être contre son pays. Pour moi, c’était gagnant-gagnant. Je suis quand même supporter de l’équipe de France. Même si elle ne s’était pas qualifiée, rien ne dit qu’on aurait pu arbitrer un autre match plus tard. Ça s’est arrêté de la plus belle des manières avec la qualification, c’est la règle du jeu, il faut l’accepter. Les spectateurs vibrent pour les joueurs, pas pour les arbitres. En tant que Français, j’étais ravi du parcours de l’équipe de France.
Après avoir vécu cette Coupe du monde en tant qu’arbitre-assistant vidéo, cela vous donne-t-il envie d’être au centre du terrain dans quatre ans ?
Évidemment. Je suis quelqu’un d’ambitieux mais aussi de réaliste. Il y a très peu d’arbitres élus. Aujourd’hui, Clément Turpin est le numéro 1 français clair et net à l’international. C’est une hiérarchie qui peut être bousculée mais pour moi, il est indéboulonnable. Il a répondu aux attentes placées en lui. Aujourd’hui, je n’ai pas l’ambition d’aller arbitrer une Coupe du monde au centre. Déjà, y participer, ce n’était même pas un rêve… C’était globalement une grande surprise. Les dix ou quinze derniers jours de préparation ont été très intenses.
Comment gère t-on la pression ?
On apprend à vivre avec. On a besoin ce stress positif comme les sportifs pour performer. C'est à nous de l'appréhender au mieux pour qu'il devienne un vecteur de performance. On rentre dans la compétition plein d'envie et de crainte mine de rien. Une seule décision peut faire que l'aventure peut s'arrêter. Il faut toujours chercher à donner le meilleur et ne jamais rentrer dans une zone de confort. On reprend une histoire à zéro lors de chaque match.
Y a-t-il des joueurs que vous ciblez sur la vigilance que vous devez apporter dans la manière d’arbitrer ?
Tous les joueurs ont le droit d’être arbitrés de la même manière. La seule chose qui doit nous habiter, c’est le rôle de facilitateur du jeu, c’est quelle part peut-on donner au spectacle qu’on doit offrir ? Pour ça, on élabore des stratégies. Il y a des créateurs de jeu, des hommes à protéger car ils créent du plaisir, du football, du jeu. Il y a des joueurs qui sont moins dans cet esprit-là donc il faut chercher à les cadrer. On doit absolument éviter d’être dans le cliché.
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"Je vis bien la critique lorsqu'elle est fondée"
Comment vivez-vous les critiques du public à l'égard de l'arbitrage ?
Je suis assez protecteur par rapport à ça, je n'ai aucun réseau social. Je vis bien la critique lorsqu'elle est fondée. Ça ne me dérange pas, on fait des erreurs et on en fera toujours. On cherche à les gommer et à donner le meilleur mais l'erreur fait partie de la nature humaine. Quand elle est infondée ou sujette à interprétation, c'est différent mais je m'y attache très peu. Je m'attache surtout à l'auto analyse. Parfois, la critique est plus difficile à vivre pour mon entourage que pour moi. Je sais que ça fait partie du jeu, les joueurs sont eux-mêmes beaucoup critiqués. Toutes les semaines, j'échange avec des arbitres étrangers, c'est exactement la même chose dans les pays européens. Je pense qu'on travaille bien, les problèmes qu'on peut avoir nous sont les mêmes à l’étranger. C'est quelque part rassurant.
Entre la Coupe du monde et la Ligue 1, avez-vous vu une différence ?
Les joueurs ont énormément de respect pour la compétition. Pour eux, participer à la Coupe du monde, c’est le Graal. Dans l’approche du football, j’ai ressenti que les joueurs respectaient encore plus ce qu’est le football à ce moment-là. On a vu relativement peu d’images négatives. Je trouve que d’un point de vue disciplinaire, on a vu une belle Coupe du monde dans les actes des joueurs. Le jeu a été la priorité des équipes, il faut le retenir. On a vu peu de tacles, les joueurs étaient concentrés sur la façon de jouer, ce n’est que bénéfique pour le football. Quand on ne voit pas l’arbitre, c’est parfait.
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