Neigeux, taureau Rouge des prés âgé de six ans, s'apprête à quitter la ferme de La Brosse, à Gorron (Mayenne), pour prendre la route de la capitale. Le 3 mars 2023, il sera présenté par son éleveur, Pascal Laigle, au concours du Salon de l'agriculture qui ouvre ses portes, ce samedi 25 février 2023 à Paris.
Cet imposant bovin - 1,4 tonne - fait partie des trois taureaux français choisis par la commission de sélection de cette race, pour participer au concours. Neigeux entrera dans la compétition face à Œillet, lui aussi originaire de la Mayenne, et à Prince, originaire de la Sarthe.
Pour Pascal Laigle, cette deuxième participation à l'événement d'envergure internationale est plus qu'une fierté. C'est un hommage à son frère, Jean-Yves, ancien chef de l'exploitation décédé brutalement, en mai 2021. "C'est un moyen de finir ce qu'il a commencé."
Que faire de l'exploitation ?
Jean-Yves avait repris la ferme à l'âge de 16 ans, après le suicide de leur père. D'abord en Gaec avec leur mère, puis seul, après qu'elle a pris sa retraite. "Il était très dur avec lui-même, décrit Pascal, de deux ans son cadet. Il n'allait jamais chez le toubib, il pensait que rien ne pouvait le toucher. Dans la famille, nous avons une prédisposition génétique au cancer."
Le 28 avril 2021, Jean-Yves tombe malade. "Il avait tellement mal qu'il est allé de lui-même aux urgences, raconte Pascal. Il n'en est jamais ressorti." Il était âgé de 61 ans.
Au deuil de la famille s'ajoute une préoccupation : que faire de l'exploitation et de ses 180 bêtes ? "Il fallait vite prendre une décision, sinon l'élevage allait être liquidé. Je ne voulais pas que le travail de toute sa vie s'achève comme ça."
Pascal Laigle met alors fin à une carrière de trente ans dans la maintenance industrielle et se lance, avec les quelques expériences qu'il a accumulées auprès de son frère, et quelques investissements en équipement.
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Une race calme et rustique
Sur les conseils de Pascal, Jean-Yves avait peu à peu transformé son exploitation laitière en élevage de vaches allaitantes. Des vaches d'une race qu'il affectionnait particulièrement, la Rouge des Prés.
"Mon frère appréciait leur calme, leur caractère rustique. Elles n'avaient pas besoin de compléments alimentaires", explique Pascal Laigle. Un caractère qui collait bien avec la personnalité de Jean-Yves. "Il est devenu passionné par la génétique de cette race. Il participait tous les ans au concours de la fête de la Madeleine, à Mayenne."
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Un métier rude
Pascal, lui, n'était pas destiné à devenir agriculteur. "J'aime trop les animaux : quand je perds un veau, j'ai du mal à m'en remettre." Ce qu'il appréciait, en revanche, c'était accompagner son frère sur les concours. "Je l'observais, je l'aidais."
Malgré cela, la reprise a été dure. "C'est un métier rude, surtout en période de vêlages. La nuit dernière, j'en ai eu quatre." Pascal a eu beau s'équiper, notamment en caméras pour surveiller ses vaches à distance, à 60 ans, il se dit "fatigué" et cherche un successeur. "Je l'aiderai au maximum."
C'est peu après la mort de son frère que Pascal a fait l'acquisition de Neigeux. "Tous les ans, avec Jean-Yves, nous allions à une vente de prestige, dans la Sarthe, et nous achetions une vache à chaque fois." En septembre 2021, il perpétue cette tradition seul. Et repart avec son "coup de cœur".
En plus d'une première sélection au Salon de l'agriculture en 2022, Neigeux a aussi remporté le premier prix départemental du concours de la Madeleine, à Mayenne, la même année. "Il a une démarche souple, il est même capable de courir !", commente l'éleveur.
La Rouge des Prés a beau être une race calme, le Salon de l'agriculture reste un environnement anxiogène pour les animaux. "Il faut quand même bien les tenir, souligne Pascal. Actuellement, je suis hyper stressé. Il ne faut pas que je lui communique ce stress."
Pour l'éleveur, cette participation est un acte de "passionné. Je dépense de l'argent et je n'en gagnerai pas." À la clé, seulement une plaque. Et la fierté d'avoir mené à bien "le travail de toute une vie".
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