Ce mardi 14 mars 2023, à la cour d’assises de la Mayenne, à Laval, l’accusée est une femme de 43 ans, d’origine brésilienne, ne parlant que partiellement le français, ce qui lui vaut d’être accompagnée dans le box par un interprète en langue portugaise.
Elle a les cheveux courts, les yeux bridés et le teint mat, et ne mesure qu’un mètre cinquante-cinq. Elle a pourtant asséné un coup de couteau mortel à celui qui était alors son mari. Les deux époux s’étaient rencontrés sur internet, alors qu’elle exerçait la profession d’escort-girl.
Coutumiers des violences
En ce 18 juillet 2020 à 23h38, à Sainte-Gemmes-le-Robert, les pompiers sont appelés car une femme qui déclare que son mari est blessé. Lorsque les premières forces de gendarmerie arrivent, l’épouse affirme tout d’abord que la victime a été ramenée dans cet état par un ami. Mais rapidement, elle avoue avoir frappé son conjoint avec un couteau de cuisine en céramique.
La première journée du procès donne tout d’abord la parole aux gendarmes intervenus sur les lieux et à l’adjudant chargé de l’enquête. Des éléments récurrents apparaissent : les deux protagonistes étaient coutumiers des violences et grands consommateurs d’alcool. En témoignent les nombreuses cicatrices relevées sur le corps de la victime par le médecin légiste, ainsi que les huit sollicitations des forces de l’ordre qui ont précédé cette nuit fatidique.
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"C'est le cœur qu'elle vise"
Le rapport du magistrat instructeur mentionne que la compagne aurait été tirée par les cheveux et qu’elle a quant à elle porté un coup avec une certaine force : "C’est le cœur qu’elle vise."
L’avocat général remarque que l’accusée a plongé le couteau dans l’eau de vaisselle pour faire disparaître les traces ADN tandis que la défense demande la diffusion d’une photo montrant leur cliente marquée par les coups portés par la victime lors d’une précédente bagarre.
Alcool et jalousie
Les différents témoins suivent (voisin, ami, collègue) afin de déterminer les vrais rapports entre les époux et ce qui entraînera un tel dénouement. Deux termes reviennent régulièrement : alcool et jalousie.
Mais un témoin manque à l’appel et le président se voit obligé d’envoyer les forces de l’ordre la chercher. Enfin, la femme, une voisine qui se dit amie, arrive. Elle déclare ne pas voir le tribunal (elle a perdu ses lunettes) et ne pas entendre les questions du président, ce qui agace celui-ci. Ses explications sont très embrouillées mais vont dans le sens de l’accusée, qu’elle dit être victime de violences de la part de son conjoint.
Elle l’a épousé "par amour"
Dans cette dernière partie de soirée, le président procède à l’interrogatoire de la mise en cause. Le magistrat évoque d’abord le passé professionnel de l’escort-girl et se demande si ses rapports avec la victime ne sont pas empreints de pratiques sadomasochistes. La quadragénaire réfute cette allégation, affirmant plusieurs fois qu’elle a épousé le jeune homme par amour. Pourtant, déclare le magistrat du siège, "vos clients vous appellent Maîtresse".
Le président revient sur tous les évènements ayant précédé cette fatale soirée et montre les photos des blessures du mari. L’accusée en reconnaît certaines mais en nie d’autres. L’incompréhension est de mise, soit de par le décalage entre le traducteur et le tribunal, soit par la volonté d’éluder certaines vérités.
Maître Dirickx et le parquet portent les dernières estocades de la soirée, s’engouffrant dans les incohérences de l’accusée.
La deuxième et dernière journée du procès se déroule ce mercredi 15 mars 2023.
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