Dans un nuage de vapeur blanche, l’ouvrier, perché sur sa nacelle, asperge méthodiquement la muraille millénaire avec son jet d’eau surchauffée. Les pans de murs qui ont déjà subi ce traitement contrastent, par leur clarté, avec ceux qui restent à traiter. Depuis février 2023, les travaux de restauration de la forteresse antique de Jublains battent leur plein. Première étape : nettoyer ces murs de pierre noircis par l’invasion d’une microalgue d’origine inconnue.
Ces grands travaux constituent une occasion en or pour l’équipe d’archéologues du service recherches et monuments historiques dirigé par Anne Bocquet. Celle d’intervenir, avant l’enlèvement de précieuses "couches d’information", pour "lire les murs, comme on lirait le sous-sol", explique l’archéologue en chef. L’archéologie du bâti est une spécialité, pour laquelle le service départemental n’est d’ailleurs pas habilité. C’est pourquoi des archéologues de la Ville de Laval vont mener ce chantier, sous la direction du Département, propriétaire du site.
Un usage mystérieux
L’enjeu de cette campagne inédite ? Connaître plus précisément l’histoire de cette forteresse, construite au IIIe siècle et dont l’usage reste encore mystérieux. "Nous espérons en apprendre plus sur la construction : en lisant les césures dans les maçonneries, on peut identifier des périodes d’arrêt de chantier. On peut aussi en apprendre plus sur l’économie par l’origine des matériaux utilisés. Et dater plus précisément la construction en prélevant des charbons de bois dans les mortiers."
Les renseignements issus de ces fouilles pourraient enrichir les connaissances sur le contexte de construction de cette forteresse. Depuis son acquisition par le Département en 1839 - "acte fondateur de son engagement envers le patrimoine" - le monument a "fait couler beaucoup d’encre" et subi plusieurs "restaurations malheureuses". Ces dernières, d’un autre temps, ont laissé des traces en décalage avec l’aspect d’origine des murs. Malgré tout, "C’est un monument exceptionnel, souligne Anne Bocquet. On en connaît très peu du même type en Gaule. Elle intéresse beaucoup les services de l’État, qui ne se sont pas fait prier pour participer aux recherches."
Les fouilles et les travaux de restauration qui vont suivre devraient durer jusqu’en 2025.
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