Les pompiers de la Mayenne sont confrontés à cinq fois plus de feux d'espaces naturels qu'il y a cinq ans. Entretien avec le lieutenant-colonel Philippe Chevreul, référent départemental feux de forêts, et le lieutenant Simon Hallier, chef du Centre de traitement de l'alerte.
Les feux de forêts ont marqué l'actualité de l'été 2022. En quoi est-ce un risque de plus en plus présent ?
Philippe Chevreul : En Mayenne, nous avons compté plus de 450 feux d'espaces naturels en 2022, contre 205 en 2018. En cinq ans, ça a doublé. Les raisons climatiques nous amènent à nous préparer à ce risque, lié au réchauffement des températures. On se projetait plutôt sur les années 2030, pas aussi tôt. Aujourd'hui, on se prépare à un été au moins identique, en termes de climat, à l'an dernier. On espère cependant moins de feux.
À quoi sont principalement dus les incendies d'espaces naturels en Mayenne ?
P.C. : Les travaux agricoles sont parmi les faits générateurs de risques. Avant même 2022, nous y étions évidemment confrontés. Nous sommes actuellement en train d'échanger avec le monde agricole sur des protocoles de bonne conduite (disposer de moyens d'extinction à proximité, d'un moyen d'alerte, d'une déchaumeuse...). Ce dialogue est plutôt récent, même si nous connaissons plutôt les agriculteurs au sujet du recrutement des sapeurs-pompiers volontaires. Les bois et forêts ne couvrent que 7 à 8 % du département.
Comment la Mayenne s'y prépare-t-elle ?
P.C. : Le Schéma départemental d'analyse et de couverture des risques a été arrêté en novembre 2020. Il a introduit, dans les niveaux de risques, celui des feux de forêts. Il a fallu apporter une réponse opérationnelle : au-delà de l'aspect matériel, il s'agit de former des personnels à cette spécialité.
Comment l'action des sapeurs-pompiers est-elle optimisée ?
P.C. : Le SDIS dispose de cartographies des bois et forêts, divisées en parcelles, et sur lesquelles les accès, les points d'eaux et la typologie des essences des végétaux sont indiqués. On peut ainsi se rendre au plus près et au plus vite du départ de feux. C'est un travail d'anticipation. Nous disposons, depuis plusieurs années, d'une cartographie sur l'hydrométrie des végétaux, les typologies de chaleur et le vent. L'algorithme de tous ces critères nous permet de projeter des cartes avec des niveaux de risque d'éclosion d'incendie. Par cela, on détermine le niveau de réponse que l'on doit apporter.
Simon Hallier : Nous avons trois niveaux de réponse, de l'engagement d'un unique engin hors chemin (avec quatre personnels) à celui de quatre engins hors chemin. Ensuite, on affine selon le lieu d'intervention et la ressource disponible.
De quels moyens matériels et humains dispose la Mayenne ?
P.C. : Nous disposons de huit engins d'une capacité chacun de 4 000 litres d'eau, ainsi que d'engins hors chemin (2 500 litres) qui peuvent se rendre sur des pistes ou du champ. Le feu de forêt est une spécialité pour laquelle les personnels doivent être formés. Cette formation a cinq niveaux. En Mayenne, on couvre jusqu'au niveau 4, et 83 personnels tous niveaux sont formés, volontaires ou professionnels. La formation s'est accélérée, mais il en faudrait le double. Si on arrive à répondre, c'est grâce aux sapeurs-pompiers volontaires disponibles. L'an dernier, face à la multiplicité des départs de feux, il a été important que les employeurs s'associent à l'effort en mettant à disposition leurs sapeurs-pompiers volontaires. Quand un feu est bien établi, cela peut prendre une demi-journée.
Le SDIS 53 peut-il être mobilisé pour des feux ailleurs en France ?
S.H. : Pour la première fois, on a la possibilité d'engager deux engins hors chemin sur la zone ouest ou, si la situation est critique, en zone sud-est.
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