Le cidre, c'est cent pour cent pomme, un point c'est tout. Réunis en Mayenne, les producteurs ligériens y tiennent.
Les 27 États membres de l'UE n'ont pas la même législation en matière de produits alimentaires et la Commission européenne tente d'harmoniser tout ça. En avril dernier, elle s'est penchée sur le cas du cidre. Selon elle, ce serait un vague soda à base de pomme, de CO2 et de sirop de glucose.
Réserves de huit pays
Huit pays ont émis des réserves sur cette proposition de l'Europe dont la France et l'Espagne, producteurs de cidre, la Pologne, gros producteur de pommes, l'Italie, par analogie au vin, et le Danemark, dont le groupe Carlsberg aimerait bien pouvoir se dispenser de mettre de la pomme dans son cidre.
"L'État doit s'engager"
La filière cidricole française reproche à l'État son manque d'engagement pour défendre ses intérêts. La Région a de son côté voté le 22 juin son soutien à la filière. Plusieurs élus ont participé le lendemain, à l'invitation du conseiller régional et député de la Mayenne Guillaume Garot, à une table ronde avec la filière à la Chambre d'Agriculture de la Mayenne.
La profession veut défendre la définition cent pour cent pomme du cidre, à l'heure où cette boisson retrouve ses lettres de noblesse. - Fred Martin
La Mayenne, bretonne et normande
"La production nationale est de 900 000 hectolitres de cidre par an, dont 15 % sont exportés. La région des Pays de la Loire participe à raison de 20 % à cette production mais elle n'a pas d'IPG (Indication géographique protégée), comme la Bretagne ou la Normandie, sauf la Mayenne, qui bénéficie de ces deux IPG, explique Élodie Lebrun, chargée de mission pour Unicid, l'Union nationale interprofessionnelle cidricole. Nous voulons défendre nos produits sur le marché français, pour que le consommateur ne se perde pas parmi d'autres produits qui n'ont rien à voir, qui sont souvent composés d'un peu de pomme, d'eau et de sirop de glucose fermenté. Nous demandons que l'appellation cidre soit réservée aux productions réalisées à cent pour cent à base de pomme, avec fermentation naturelle et sans adjonction, et que les autres produits soient éventuellement distribués sous l'appellation "cider"".
Denis Rouland et les conseillers régionaux devant les cuves de fermentation naturelle. - Fred Martin
Au patrimoine culinaire français
Denis Rouland est le président de l'association des cidres de Loire, qui réunit les producteurs de pommes à cidre et les transformateurs ligériens. Il fait partie des dix producteurs-transformateurs mayennais. Il exploite avec son frère et un salarié la Ferme du Theil à Andouillé, qui produit 70 000 bouteilles par an, distribuées en vente directe à la ferme, chez les restaurateurs de la région et en circuit direct dans les grandes et moyennes surfaces. "Le cidre est entré au patrimoine culinaire français il y a une douzaine d'années, rappelle-t-il. Cette réglementation européenne est une concurrence déloyale pour les producteurs français et le consommateur risque de s'y perdre, à l'heure où nous imaginons des campagnes de marketing pour remettre la bouteille de cidre dans le réfrigérateur et sur la table des Français".
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